Groupe de rock mythique en France, Téléphone a fait l'objet d'une enquête de Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour Le Monde révélant de nombreux secrets sur les histoires d'ego et d'argent qui ont empêché une reformation, véritable serpent de mer depuis des années... Selon l'article, le chanteur du groupe, Jean-Louis Aubert, devenu une star en solo (le 19 novembre paraîtra l'album live de sa tournée plébiscitée Roc'Eclair), aurait une fâcheuse tendance à vouloir s'approprier exclusivement l'histoire de Téléphone. Treize ans après la fin de l'aventure, en 1999, il aurait décidé, sans prévenir ses trois anciens acolytes, de déposer la marque Téléphone auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), révèlent les journalistes. Une façon discrète de s'assurer un contrôle total sur le passé et l'avenir du groupe, dont la reformation éventuelle, espérée par nombre de fans, rapporterait énormément d'argent.
Autre problème de taille empêchant un come-back sur scène : les relations glaciales entre Corine Marienneau, l'ex-bassiste de Téléphone, et les autres membres du groupe. Déjà isolée et mise de côté, Corine n'arrangea pas son cas en 2006, avec un livre, Le Fil du temps (Ed. Flammarion), dans lequel elle réglait ses comptes et égratignait sévèrement Jean-Louis Aubert, son ex, dépeint comme un "manipulateur mégalo", rappellent les auteurs de l'enquête. Elle raconte, entre autres, comment Jean-Louis Aubert aurait caché aux autres membres de Téléphone qu'il avait reçu un premier chèque de la SACEM de 30 000 francs (4 500 euros) en 1978. L'ex-chanteur du groupe ne le lui pardonnera jamais. Pour l'ancien batteur de Téléphone, Richard Kolinka (le seul à avoir daigné répondre aux auteurs de l'enquête), le "problème" de Corine résiderait plutôt dans les "histoires d'amour" qu'elle a eues successivement avec Louis Bertignac, l'ancien guitariste qu'on retrouve aujourd'hui en tant que coach dans l'émission The Voice sur TF1, mais aussi en carrière solo, puis Jean-Louis Aubert.
Malgré les ego qui s'affrontent et les histoires de sous, les quatre Téléphone avaient tenté de se reformer pour une tournée en 1999, cinq ans après un court retour sur scène pour quelques morceaux au Bataclan. Cependant, le projet échoua, notamment à cause de nombreux désaccords artistiques et financiers entre Corine et Jean-Louis Aubert, qui, selon la bassiste, souhaite être désigné comme seul et unique auteur des chansons.
Aujourd'hui, Corine reconnaît qu'elle a pu être "têtue, vindicative, et chiante" lors de cette tentative de retour avortée. Comme pour contredire ses anciens acolytes, elle assure ne pas être intéressée par l'argent : "Financièrement, j'aurais eu intérêt à laisser faire une 'déformation' du groupe. Ça m'aurait assuré ma retraite ! Mais mes aspirations ne sont pas financières. Dans cette affaire, il y a eu beaucoup de gâchis par une petite surdose de narcissisme, de mégalomanie et d'idolâtrie. Comme souvent..." Des révélations qui ne rassureront pas les fans du groupe qui attendent désespérément un retour de Téléphone depuis 1986, espoir vain pour l'instant, comme l'ont prouvé ces dernières années plusieurs tentatives inabouties et de nombreuses rumeurs.
L'ego trop cher de Téléphone, une enquête édifiante de Gérard Davet et Fabrice Lhomme pour Le Monde, à lire en intégralité sur lemonde.fr.