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Tewfik Jallab explose de nouveau avec Jamel Debbouze dans ''La Marche''
Publié le 28 novembre 2013 à 09:59
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Tewfik Jallab lors de l'inauguration du restaurant le 'B.O', à la Cité du Cinema, le 10 octobre 2013 Tewfik Jallab lors de l'inauguration du restaurant le 'B.O', à la Cité du Cinema, le 10 octobre 2013© BestImage
Bande-annonce du film La Marche, en salles le 27 novembre 2013
Bande-annonce du film Né quelque part
Tewfik Jallab lors du photocall du film "Né quelque part" pendant le Champs-Elysées Film Festival au Cinéma Publicis à Paris le 15 juin 2013
Jamel Debbouze et Tewfik Jallab lors de l'avant-première du film "Né quelque part" à Rosny le 17 juin 2013
Tewfik Jallab et Jamel Debbouze lors du photocall du film Né quelque part au Festival de Cannes 2013
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Si La Marche de Nabil Ben Yadir est un film collectif rempli de talentueux comédiens comme Olivier Gourmet, Hafsia Herzi - que nous avons pu rencontrer - ou encore Charlotte Le Bon, l'acteur Tewfik Jallab joue un rôle particulier. En effet, le jeune homme incarne celui qui a reçu la balle d'un policier en 1983 en France et qui a décidé de se lancer dans une grande et pacifique Marche pour l'égalité et le racisme. Purepeople.com a eu le plaisir d'interviewer ce comédien de 31 ans qui a été formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Un artiste enthousiaste et débordant de charme, épatant dans Né quelque part et bouleversant dans La Marche, une performance qui lui vaut d'ailleurs d'être préselectionné parmi les révélations des César 2014.

Un tournage de tous les défis

"Olivier Gourmet s'est déchiré les ligaments. Il a failli arrêter le film. Nader Boussandel s'est fait rouler sur le pied par une voiture. Lubna Azabal a eu un déchirement de la hanche, moi j'ai eu une fracture de fatigue du pied droit. Le froid, la marche... Les conditions du tournage étaient difficiles, mais on était dans les vraies conditions des marcheurs. La fatigue, c'est la vraie. D'ailleurs, il y a très peu de maquillage sur le film. Le meilleur souvenir : le dernier jour de tournage à l'Élysée. L'emploi du temps a permis qu'on tourne la dernière scène du film à la fin du tournage. On s'est marrés, on est devenus tous potes. C'est un film transgénérationnel."

Le personnage : points communs et différences

"J'ai grandi comme le personnage dans une cité HLM, j'ai toujours été animé par des choses positives, j'ai été élevé dans une famille où il y a beaucoup d'amour. Les différences, c'est la coupe de cheveux, la façon de s'habiller [rires]."

Sa rencontre avec Toumi Djaïdja, initiateur de la fameuse Marche

"Je sais que je rencontrerai rarement des gens comme ça dans la vie, c'est un sage, ce sont des gens rares, et des gens rares, il faut en parler."

La véritable histoire de la Marche

"Avant le scénario, je ne connaissais pas l'histoire. En le lisant, j'ai littéralement pris un cours d'histoire. Et j'avais honte, profondément. Ce matin, j'étais dans une école de commerce pour présenter le film, et j'ai demandé qui connaissait la Marche. Sur les 200 ou 300 étudiants qui étaient là, il y avait cinq ou six mains qui se sont levées. C'est triste, mais je faisais partie de ces gens-là il n'y a pas longtemps. Et si j'avais demandé 'vous connaissez Martin Luther King ou Gandhi ?', j'aurais eu 300 mains."

Les raisons de cette méconnaissance

"La république française n'a pas fait son travail sur l'histoire de ces gens-là. Il faudrait remettre ça dans les manuels scolaires. Tout simplement. Dire que les années 1980, ce n'est pas seulement l'arrivée du PS au pouvoir et les radios libres, mais c'est aussi des mecs des Minguettes qui ont décidé de marcher pour l'égalité et contre le racisme, dans une France où il y avait un Maghrébin qui mourait tous les deux ou trois jours. Aujourd'hui, ils ne meurent plus. Je suis de nature positive, je suis persuadé que si on fait un travail de mémoire sur les choses qui se sont passées, si les jeunes peuvent s'identifier à des gens qui leur ressemblent, ça ira mieux. Il y a des actes racistes, il y en a toujours eu. Comme dit Jamel, la meilleure chose à faire, c'est le métissage, et même après, on se dira 'mais de quel métissage es-tu ?' [rires]. L'ignorance, c'est la haine, et la haine conduit au racisme. On doit le combattre, c'est un combat de tous les jours. Un chantier permanent. En faisant ce film, on témoigne aussi de ça, et on dit voilà, la France n'est pas raciste. Il faut arrêter avec ça. C'est une minorité infime qui ne devrait même pas être citée."

Être confronté au racisme

"Le racisme, je l'ai déjà vécu. Quand on grandit et qu'on n'a pas accès à certaines boîtes de nuit, quand on sent dans le regard de certaines filles qu'elles ont peur de là d'où on vient, quand on cherche un appartement et qu'on vient de banlieue... Oui, il y a du racisme sous-jacent. La télévision a mis du temps à montrer la diversité. Pendant longtemps, le Maghrébin était cantonné au rôle du voleur, du malfrat. Tout doucement, et grâce à des mecs comme Jamel, Sami Bouajila ou Roschdy Zem, on a accès à d'autres rôles. Ça commence à changer, on me propose d'autres choses, mais j'attends mon film de cape et d'épée [rires]."

Les retrouvailles avec Jamel Debbouze après Né quelque part

"C'est super de travailler deux fois avec un acteur comme ça. On commence à se connaître et à avoir des réflexes. Et lui, il est toujours bienveillant. C'est une des personnes que j'admire le plus dans ce métier, en tant qu'acteur et personne. Quand on me propose de travailler de nouveau avec lui, je suis gâté. Maintenant, on travaille sur notre troisième film ensemble, peut-être un X-Men [rires]."

Son parcours

"Ce qui m'a permis de devenir acteur ? C'est la foi. La foi dans ce métier qui est extraordinaire. Moi, gamin, j'avais envie de faire les métiers des personnages que j'aimais au cinéma. Et quand j'ai compris que l'acteur avait plusieurs métiers suivant les films, je disais à ma mère : 'Quand on est acteur, on peut faire plusieurs métiers ?' Elle m'a dit oui, alors j'ai dit d'accord, je sais ce que je vais faire plus tard. Quand on a un rêve, et qu'on s'y tient, c'est peut-être bête, mais ça marche. Ma famille m'a toujours soutenu et même si elle ne l'avait pas fait, je me serais battu deux fois plus.

Pour Né quelque part, j'ai tout simplement passé un casting. Mon agent m'a envoyé un scénario et des scènes d'essai. J'ai fait plusieurs auditions et puis voilà. Je ne saluerai jamais assez le courage de Mohamed Hamidi le réalisateur, des producteurs et de Jamel, d'avoir donné le premier rôle à un jeune inconnu. C'est rare en France de donner la chance aux inconnus, même si ça fait vingt ans que je fais ce métier et que ça fait dix ans que j'en vis. Je n'ai jamais vraiment galéré, je fais du théâtre depuis très longtemps. Mais le cinéma, c'est un autre milieu, les gens ont besoin de vous connaître. C'est toujours le même système de la boîte de nuit. C'est pour les habitués. Mais comment voulez-vous qu'on s'habitue si on rentre jamais ? Je ne remercierai jamais assez les productions Quad, le réalisateur et Jamel."

Ses projets

"J'essaie d'être exigeant dans mes choix. Je vais retourner au théâtre, pour jouer dans Masque et nez au théâtre des Mathurins. Et dans une autre pièce sur La Guerre des banlieues n'aura pas lieu d'Abd Al Malik. Au théâtre, l'inconvénient, c'est qu'on entend ou on voit quand un spectateur éternue, ou s'en va si on n'est pas bon. Au cinéma, c'est rare qu'on voie le caméraman partir en disant 'il est trop mauvais, je m'en vais' [rires]. Mais le contact avec le public est phénoménal. Le cinéma, on filme un peu les répétitions de théâtre, c'est dans l'instant. Et parfois, on filme des choses qu'on n'aura pas dans le théâtre, des choses qu'on ne pourra pas recréer."

"La Marche", en salles depuis le 27 novembre

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