Le concours Top Chef, qui fait son grand retour sur M6 ce 31 janvier 2018, n'a pas que des défenseurs du côté de nos grands chefs français. Interrogé par Libération, Bruno Verjus, à la tête de La Table dans le 12e arrondissement de Paris, n'a d'ailleurs pas de mots assez durs pour dire ce qu'il pense du programme.
Après avoir carrément qualifié le programme de "pornographique", Bruno Verjus s'est expliqué : "On fait appel aux instincts les plus basiques : le spectacle, la compétition, le sang, les larmes. Top Chef donne une fausse image de la cuisine et des cuisiniers. Non, on ne peut pas créer de grands plats et ouvrir son resto à 22 ans." Et d'analyser le succès de cette compétition auprès du grand public : "C'est le reflet d'une époque avide de paillettes, de tensions, de drames. La télé exige un spectacle permanent. Le calme ennuie."
Autre problème avec Top Chef, l'émission ne refléterait pas le vrai métier de cuisinier. "Il faut non seulement concevoir des recettes, mais porter une équipe, entretenir des liens avec ses producteurs... Toutes ces coulisses du métier, vous ne les verrez pas dans Top Chef", a-t-il estimé avant de donner son avis sur les grands noms de la gastronomie (Paul Bocuse, Philippe Etchebest, Hélène Darroze, Jean-François Piège, Michel Sarran...) qui acceptent d'associer leur image au concours : "C'est un achat de légitimité. D'une part, les chefs sont pris par ce syndrome qui consiste à ne pas pouvoir refuser une invitation de la télé. D'autre part, la télé utilise des chefs reconnus en tant qu'alibis."
En mars 2017, Top Chef était déjà critiqué par un grand nom de la gastronomie française... Michel Troisgros. Le chef triplement étoilé du Bois sans feuilles à Ouches, dans la Loire, avait dévoilé dans Thé ou café sur France 2 avoir refusé de participer au concours culinaire : "Oui oui, j'ai refusé. Vous êtes bien informée ! Déjà parce qu'il faut passer un mois de tournage là-bas à Paris et que je ne peux pas quitter mon restaurant et puis parce que je pense que c'est très scénarisé. Je pense que l'on s'éloigne de la vérité de la cuisine. (...) J'ai un regard peut-être un peu critique là-dessus. Je pense que, quand je regarde ce qu'il s'y passe, j'ai l'impression d'une tromperie. (...) C'est pas comme ça que ça se passe dans les cuisines. On ne court jamais dans une cuisine ! Jamais. Il n'y a pas de chronomètre dans une cuisine. Il faut être prêt !"
Une interview à retrouver en intégralité dans Libération, ce 31 janvier 2018 en kiosques.