Deux vainqueurs français de suite sur le Tour de France... Une éternité que la Grande Boucle n'avait plus connu ça.
Hier, jeudi 12 juillet, Pierre Rolland (25 ans) s'est imposé lors de la 11e étape entre Albertville et La Toussuire-Les Sybelles, première étape de haute montagne et probablement la plus difficile avec deux cols hors catégorie, le Col de la Madeleine et le Col de la Croix de Fer, sans oublier le Col du Mollard et la montée vers La Toussuire.
Parti dans la bonne échappée dès la première difficulté, Pierre Rolland, grand espoir du cyclisme tricolore, a su résister à toutes les attaques, pour placer lui-même ses coups de butoir dans la dernière montée pour distancer ses adversaires... Pourtant, tout aurait pu basculer avec une chute dans la descente du Mollard dans un virage. "Il y avait des rainures sur la route. J'ai freiné un peu fort à l'entrée du virage et la roue avant est partie. L'impact n'a pas vraiment été très fort et je me suis relevé avec de la peau en moins. Le squelette est intact", confiait le coureur d'Europcar au journal L'Équipe en fin de soirée, après avoir satisfait aux obligations protocolaires, antidopages et médiatiques et juste avant de passer à table.
Et une fois de plus, Pierre Rolland est revenu au courage sur ses compagnons d'échappée avant de placer l'estocade et de s'imposer en solitaire devant une foule venue l'acclamer, comme ce fut déjà le cas sur le Tour 2011 lorsqu'il s'était imposé à l'Alpe d'Huez, l'étape la plus difficile de du millésime précédent. Car le coureur orléanais semble s'être fait une spécialité des étapes où la souffrance règne en maître. Cette année, c'est grâce à son partenaire Christophe Kern qu'il a réussi ce coup de force : "Il a été extraordinaire. Il roulait sans se retourner. Je lui criais dessus pour lui dire de se calmer. Il me disait : 'Ta gueule et suis-moi.' Je le maudissais, j'avais les jambes en feu. Mais sans sa détermination, on aurait été repris par le groupe Maillot Jaune."
Mais dans les Alpes, le grimpeur est chez lui... "Ça fait six mois que je rêvais du Tour et de cette étape, confie le jeune homme. Mais, ici, c'est ma montagne." C'est dire si cette victoire a un goût tout particulier pour Pierre Rolland, qui succède donc à Thomas Voeckler et est passé par tous les états au moment de franchir la ligne : "C'est indescriptible. Je me dis que j'ai gagné. Je pense à remonter mon maillot. A embrasser le médaillon que ma fiancée m'a offert parce que j'ai oublié de le faire un jour. Je pense qu'elle a dû verser une larme. (...) C'est simplement incroyable, ce qui m'arrive."