Il avait fait rêver les Français sur la précédente boucle du Tour de France, passant pas moins de dix journées avec le maillot jaune sur les épaules...
Hier, mercredi 11 juillet, Thomas Voeckler n'a pas revêtu la tunique dorée du solide leader, le Britannique Bradley Wiggins, mais le cycliste qui a fait ses classes en Martinique s'est imposé dans la première étape de haute montagne entre Mâcon et Bellegarde-sur-Valserine. Au terme d'une échappé partie dès le 30e kilomètre, Thomas Voeckler a décroché sa victoire sur le fil, devançant de quelques mètres les derniers rescapés de l'ascension terrible du col hors catégorie du Grand-Colombier, première difficulté majeure de la grande boucle qui entre dans sa semaine de montagne.
"Je pense que c'était les 500 mètres les plus longs de ma carrière car la souffrance était intense", confiait à L'Équipe le cycliste qui a réussi à maintenir un écart suffisant avec ses poursuivants pour franchir la ligne, totalement vidé après un effort incroyable pour déposer ses adversaires. Car Thomas Voeckler, qui pointe à plus de 33 minutes de Bradley Wiggins, aurait pu ne pas pédaler sur les routes de France après sa blessure survenue quelques jours avant le Critère du Dauphiné, suivie d'un abandon et de huit jours d'arrêt. "J'ai souffert comme jamais, poursuit le héros du jour, qui endosse par la même occasion le maillot à pois du meilleur grimpeur. J'ai seulement cru à la victoire à 5 mètres de la ligne, et encore ! J'étais ailleurs, un peu dans les vapes."
Car l'effort produit par le chouchou des Français est à la hauteur de la difficulté de l'étape. Et à 33 ans, Thomas Voeckler ne vit que pour la victoire : "Moi, ce que j'aime dans le vélo, c'est la gagne." Le jeune homme a été servi pour cette dixième étape, lui qui a retrouvé à l'issue de cette course sa femme Julie et ses deux enfants, Mahé (3 ans) et la petite Julie (1 an). De cette manière, le champion de la Team Europcar a mis un terme aux critiques et aux suspicions quant à sa réelle blessure : "Je sais que depuis que j'ai dit que j'avais mal au genou, beaucoup ont pensé que c'était du bluff. Mais depuis toujours, je suis sincère et honnête. (...) Cette victoire est sûrement arrivée parce que j'ai décidé de ne pas me mettre de pression sur ce Tour et d'évoluer au jour le jour." Une philosophie payante pour Thomas Voeckler, acclamé par la foule à l'arrivée, et qui une fois de plus aura fait rêver l'Hexagone.