Astérix et la Transitalique, le 37e album des aventures de l'irréductible Gaulois, est sorti en octobre, cinquante-huit ans après sa création par le scénariste René Goscinny, décédé en 1977, et le dessinateur Albert Uderzo. Le tandem est aujourd'hui remplacé par Jean-Yves Ferri pour le scénario et Didier Conrad au dessin. De dessins, il est justement question dans la dernière mésaventure d'Uderzo...
La maison Huberty Breyne Auxction à Bruxelles organise une grande vente aux enchères le 17 décembre. Parmi les lots proposés, des "planches originales de prestige et les albums de la collection Rackham", mais aussi un lot de 68 dessins de jeunesse d'Albert Uderzo. Le 5 décembre, l'intéressé porte plainte pour "abus de confiance" estimant que ces planches lui ont été dérobées ou empruntées et jamais rendues. Elles sont retirées de la vente.
Contacté par Le Figaro, Sylvie Uderzo, qui fut longtemps en guerre contre son père avant une grande réconciliation en 2014, exprime sa colère : "Quand nous avons vu le catalogue en ligne, les bras nous en sont tombés. Nous n'avions jamais eu connaissance de ce lot. Qu'autant de planches de mon père ressurgissent comme ça, c'est un scandale." C'est aussi une blessure pour Uderzo puisque certains de ces dessins ont été réalisés lorsqu'il avait 13 ans et n'ont jamais été destinés à être un jour publiés. "Comment peut-on faire circuler des choses qui ont une telle valeur affective, s'indigne-t-il dans Le Figaro. Ces planches m'ont été certainement chapardées." Le dessinateur de 90 ans prévient que tout ce qui n'est pas signé de sa main a été volé. Albert Uderzo explique qu'on lui demande souvent ces premiers dessins pour l'écriture d'ouvrages, c'est la théorie qu'il avance aujourd'hui : "Ces dessins m'ont été empruntés en 2012, je ne sais plus pourquoi. On me demande souvent mes premiers dessins pour écrire des livres."
Du côté du vendeur, on tient un tout autre discours. Si Alain Huberty a bien retiré les dessins de la vente, puisqu'une "enquête a été ouverte pour déterminer les conditions d'acquisition et de détention de ces dessins", il estime être dans son bon droit : "M. Uderzo dit que les planches ont disparu depuis 2012, ce qui est complètement faux, mais j'ai préféré suspendre la vente. Sa plainte met en cause une personne intègre que je connais bien qui et n'a absolument rien à voir avec tout ça. J'ai appelé M. Uderzo, on s'est expliqué. Cette affaire est maintenant entre les mains de la justice." Il raconte avoir eu connaissance de ce lot en 2015 par un confrère. Selon Le Figaro, le propriétaire dit les détenir depuis plus de trente ans. Aucune plainte pour vol n'ayant été déposée autour de ces dessins, Huberty se lance dans la vente.
Il souligne le chaos qui règne au sein de ce business et affirme, donc, que ce type d'affaires est de plus en plus commune. Longtemps, explique Le Figaro, seul l'album publié avait de la valeur et les planches originales pouvaient croupir au fin fond d'une cave sans jamais revoir la lumière du jour. Leur valeur a explosé au fil des ans et leurs arrivées anarchiques sur le marché conduit à ce type de "mauvaises surprises" pour le vendeur, comme le dessinateur... À suivre.