Il aura fallu plus de trois décennies pour que la vérité éclate. Le journaliste spécialisé de la rubrique police-justice, Ronan Folgoas, a été dépêché par Le Parisien-Aujourd'hui en France à La Chapelle-Souëf dans l'Orne pour en savoir plus sur ce qui vient d'être déclaré, non plus comme une disparition, mais un féminicide, celui de Marlaine Marquis, alors âgée de 22 ou 23 ans. Les fouilles ont démarré ce 28 juin 2022, maintenant que l'auteur a avoué avoir tué sa compagne, mère de leurs deux enfants.
Pascal, ex-bûcheron et élagueur désormais à la retraite, a reconnu, trente-trois ans après les faits, avoir mis fin aux jours de son ex-compagne en 1989. "Il aurait dissimulé son corps dans une marnière, l'une de ces nombreuses cavités de plusieurs mètres de profondeur qui pullulent dans la campagne normande", précise le quotidien.
A l'origine, l'absence de Marlaine, brutalement partie sans ses deux enfants de 6 mois et 3 ans, avait été considérée comme une disparition et aucun signalement n'avait été fait. La famille de la victime n'avait pas été alertée puisque son compagnon n'avait pas de contact avec elle. La thèse du changement radical de vie paraissait plausible. Les enfants du couple ont été "placés auprès d'un membre de la famille paternelle et grandissent sans aucune photo et avec très peu de souvenirs de leur maman disparue. Marlaine est même déchue de ses droits parentaux à la suite d'une demande du père des enfants".
En grandissant, Victoria, la fille de l'ancien couple, cherche à comprendre la disparition de sa mère. Elle pose des questions à son père qui reste évasif, parfois contradictoire. Jusqu'à une discussion téléphonique en 2019 qui lui permet de comprendre qu'un lourd secret se cache derrière tout cela. "Il a fini par se trahir tout seul en répondant aux questions insistantes de sa fille", a confié une source proche de l'enquête à Ouest-France. Elle signale alors la disparition de sa mère en 2021 et les gendarmes remarquent qu'il n'y a plus aucune trace administrative ou autre de Marlaine depuis plus de trente ans, il y a de quoi avoir des doutes sur une disparition volontaire. "Le 27 avril 2022, une information judiciaire est ouverte pour enlèvement et séquestration. Une manière de contourner le problème de prescription des faits en cas d'homicide fixée à trente ans", écrit Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Un mois plus tard, Pascal est placé en garde à vue et finit par craquer. Marlaine l'avait trompé, il l'aurait alors étranglée avec le câble du téléphone puis caché son corps sur une propriété où il avait l'habitude de travailler. Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, il a déclaré à Ouest France : "J'assume mes actes, j'ai honte et je m'en veux." Seule personne au courant de son meurtre : la compagne avec qui il a refait sa vie et qui est décédée en 2008 des suites d'une longue maladie.