Cela faisait quatre ans que Valeria Bruni-Tedeschi n'avait pas joué au théâtre, elle qui avait été dirigée par son mentor, feu Patrice Chéreau dans Rêve d'Automne. Elle revient avec Les Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder.
"Dans la vie, on porte un masque, on est bien élevé, gentil quand on ne voudrait pas l'être, on fait semblant d'aller bien même quand ça ne va pas... Moi je me sens très guindée, très politiquement correcte!", s'exclame-t-elle à l'AFP. "Le théâtre permet de faire tomber le masque, d'exploser l'hypocrisie et c'est très réjouissant, ça", dit l'actrice.
Fassbinder écrit sa pièce (devenue un film) en 1971, au milieu d'une carrière théâtrale fulgurante - il meurt en 1982 à 37 ans d'une overdose. Il a 25 ans et crée ce personnage de Petra, une styliste dans la maturité, victime d'un amour dévastateur pour une jeune fille d'une autre classe sociale.
A 50 ans, la soeur de Carla Bruni a été séduite par ce rôle d'une femme "à la moitié de son existence" qui remet tout en cause. "Cela arrive ces crises de la cinquantaine où les gens se remettent en question, changent de métier, d'amoureux et parfois même d'attirance sexuelle, comme dans la pièce où Petra se découvre pour la première fois avoir du désir pour une femme."
Sur scène, autour de Valeria Bruni Tedeschi, Zoé Schellenberg (la jeune amante, Karine), Lolita Chammah, la fille d'Isabelle Huppert mais également sa propre mère de Valeria, Marisa Borini. Cette dernière fait là ses débuts au théâtre à 80 ans. "La dernière fois, elle avait 9 ans et c'était un spectacle de fin d'année !", sourit-elle. "J'adore jouer avec elle, j'adore être avec elle tout simplement", ajoute-t-elle.
Au cinéma, l'actrice et réalisatrice, maman de deux enfants, a d'ailleurs déjà dirigé sa mère dans ses réalisations. Pour Un château en Italie dernièrement et pour lequel Marisa Borini a été nommée pour le César du meilleur second rôle, et auparavant dans Il est plus facile pour un chameau et dans Actrices, présenté en 2007 dans la section Un Certain Regard.
Les Larmes amères de Petra von Kant, mis en scène par Thierry De Peretti, au Théâtre de l'Oeuvre Paris 9e.