En lice dans la catégorie Artiste féminine de l'année aux 32e Victoires de la Musique, qui a vu Jain sacrée sur la scène du Zénith de Paris vendredi 10 février 2017, Imany est repartie sans distinction, mais pas sans dignité.
En plein coeur de la soirée animée par le tandem Bruno Guillon-Thomas Thouroude, la chanteuse de 37 ans a intégré un message très circonstancié à l'interprétation de son succès Silver Lining (Clap your hands) qu'elle était en train de livrer avec une chorale gospel :
"Etre artiste, c'est un privilège. Et c'est un privilège qui vient avec des responsabilités. On se doit d'être les voix de ceux qui n'en ont pas. On se doit de ne pas prendre la démocratie pour acquise. On se doit de demander des comptes à nos élites. On se doit de demander des comptes à la police. On se doit de demander la justice, pour Théo, pour Adama, pour tous ceux dont on ne parlera pas. La justice, pour vous et moi", a-t-elle déclamé passionnément, faisant référence aux récents événements qui ont ravivé les tensions sociales en France.
D'origine comorienne, l'ancien mannequin dont la carrière de chanteuse a été suscitée par Tracy Chapman et son fameux Talkin' 'Bout a Revolution n'était pas la première à prendre la parole sur ce sujet. En début de cérémonie, l'un des membres du duo de réalisateurs Greg & Lio primé pour le clip Makeba de Jain avait, rendant hommage à la grande figure de la lutte anti-apartheid, partagé lui aussi sa colère : "Je veux dire à ma fille qu'on n'est pas des Bamboula, qu'on est tous des Théo et qu'aujourd'hui je veux croire à la justice. Avec ce clip on a créé des ponts entre les peuples, c'est le monde qu'on a envie de créer et c'est le monde qu'on va continuer à créer", avait-il revendiqué.