Woody Allen avait perdu contact avec toute sa famille après avoir décidé de se mettre en couple puis d'épouser Soon-Yi, la fille que son ex Mia avait adoptée avec André Previn. Dans une interview pour Vanity Fair en 2013, Mia Farrow avait sous-entendu que le père de Ronan pouvait ne pas être le réalisateur mais Frank Sinatra, tandis que d'autres de ses enfants témoignaient de leur inimitié pour leur père, voire d'un traumatisme. De plus, Ronan a d'ailleurs tweeté lors des Golden Globes et l'hommage à Woody Allen : "J'ai raté l'hommage à Woody Allen. Est-ce qu'ils ont mis le moment où une femme a publiquement confirmé qu'il avait abusé d'elle à l'âge de 7 ans, avant ou après Annie Hall ?"
"J'ai haï Woody Allen pour ma mère" - Moses
Face à cette ligue contre Woody Allen, il peut compter sur un soutien, son fils Moses (36 ans). Celui-ci s'exprime via le magazine People : "Ma mère m'a fait un lavage de cerveau pour que je haïsse mon père après m'avoir dit qu'il avait divisé la famille et agressé sexuellement ma soeur. Et je l'ai haï au nom de ma mère pendant des années. Je vois aujourd'hui qu'il s'agissait d'une façon de se venger du fait qu'il soit tombé amoureux de Soon-Yi."
Moses et Dylan, tous deux adoptés par Allen et Farrow, ainsi que leur frère Ronan, ont été au centre d'une bataille concernant leur garde en 1993, lors de la séparation de leurs parents. Ils avaient tous dû témoigner de la relation entre leur père et la fille adoptive de Mia, Soon-Yi, qui se marieront en 1997. A l'époque, Mia Farrow avait reçu la garde des trois enfants. L'actrice de Rosemary's Baby a au total 14 enfants adoptés ou nés de précédentes relations.
La justice avait rejeté la plainte de Mia Farrow, considérant que Dylan, trop fragile pour supporter un procès, était incapable de faire la distinction entre son imagination et la réalité. De son côté, Woody Allen, qui a toujours vigoureusement nié les faits, avait accusé Mia d'avoir, par rancune, manipulé "honteusement des enfants innocents". Cependant, en 1994, un tribunal new-yorkais lui avait refusé un droit de visite pour Dylan. Deux thérapeutes avaient en effet estimé qu'il n'était pas dans l'intérêt de la jeune fille de la "contraindre à voir" son père. En 2005 et à Vanity Fair, le réalisateur d'Alice avouait n'avoir plus aucun contact avec ses trois enfants issus de sa relation avec la comédienne.
Moses dira de son côté : "Bien sûr que non, Woody n'a pas agressé ma soeur [avec qui il n'a plus de relation, préférant le camp Woody-Soon-Yi]. Elle l'aimait et avait hâte de le voir. Elle ne se cachait pas jusqu'à ce que notre mère réussisse à instaurer un climat de peur et de haine envers lui. Le jour en question [celui de l'agression], nous étions six ou sept à la maison. Nous étions tous dans des pièces communes et mon père et Dylan n'étaient pas seul à seul. Ma mère était partie faire du shopping. Je ne sais pas si ma soeur pense vraiment avoir été agressée ou si elle voulait faire plaisir à ma mère. Lui faire plaisir était une motivation très forte, car ne pas être de son côté pouvait être horrible."
"Mes souvenirs sont authentiques et ils m'appartiennent" - Dylan
Face à ces déclarations, Dylan Farrow insiste sur sa version des faits : "C'est une telle trahison envers moi, et toute ma famille", a-t-elle déclaré à People en réponse à son frère. "Mes souvenirs sont authentiques et ils m'appartiennent, et je vivrai avec ça pour le restant de mes jours. Ma mère ne m'a jamais 'coachée'. Elle n'a jamais tenté de m'implanter des souvenirs faux. Ce sont mes souvenirs, je m'en souviens. J'étais traumatisée quand je lui ai raconté. Quand j'ai raconté mon histoire, elle espérait que ça soit une histoire inventée. A un moment, elle m'a demandé calmement si je lui disais la vérité. Elle m'a dit : 'Papa dit qu'il n'a rien fait.' Et j'ai répondu : 'Il ment'."
Deux camps s'affrontent et Moses est, comme sa soeur, très ferme sur sa position, allant jusqu'à dire que Mia Farrow l'a tyrannisé : "Notre mère a fait croire à l'opinion que nous vivions dans la maison du bonheur, entre enfants adoptés et biologiques. Dès mon plus jeune âge, ma mère réclamait uniquement l'obéissance et me frappait souvent. Elle entrait dans des colères noires quand elle était fâchée, ce qui était très intimidant voire horrible."
Un enfant battu ? Dylan n'y croit pas : "Je ne sais pas d'où Moses sort cette idée. Nous étions parfois envoyés dans notre chambre, oui. Je ne veux pas voir ma famille entraînée là-dedans. Je ne peux pas rester silencieuse quand ma famille a besoin de moi et je ne les abandonnerai pas comme Soon-Yi et Moses l'ont fait. Mon frère est mort pour moi. Ma mère est si courageuse, elle m'a appris ce que c'était d'être forte." De son côté, Mia Farrow n'a pas répondu directement aux accusations de Moses, mais a écrit sur Twitter : "J'aime ma fille. Je la protègerai toujours. On m'envoie beaucoup de choses horribles, mais ça ne me concerne pas, il s'agit de sa vérité."
Une interview de 1976 qui fait tâche
Le dernier article en date de TMZ.com ne jouera dans tous les cas pas en sa faveur. Le site a déniché une interview de Woody Allen datant de 1976 pour ce même magazine People. A l'époque, il avait 41 ans et disait, au moment de la sortie de son film Guerre et amour : "J'essaie de coucher seulement avec des femmes que j'aime beaucoup. Sinon, je trouve que c'est un geste presque mécanique." Il avouera avoir peu d'intérêt pour la vie de famille : "Ce n'est pas un accomplissement de faire des enfants, n'importe qui peut le faire." Puis, les choses deviennent plus embarassantes : "Je suis ouvert à propos du sexe. [...] Je veux dire, si j'étais pris en flagrant délit dans un nid d'amour avec une quinzaine de filles de 12 ans demain, les gens se diraient, 'je l'ai toujours su'. Je l'admets."