Woody Allen n'est pas connu pour être un cinéaste bien-pensant. Lorsqu'on l'interroge sur les oeuvres qui composent sa grande carrière, le réalisateur new-yorkais est loin de tenir un discours attendu.
S'il tente de faire son Citizen Kane à chaque fois qu'il commence un film, Woody Allen réalise que ça ne sera pas le cas. Avec son esprit fin, il commente son travail et ne veut qu'une chose : contester sa "propre importance dans l'histoire du cinéma", explique le magazine Première à qui il va se confier en toute franchise.
Manhattan fait partie des oeuvres majeures de sa filmographie, et pourtant, ce n'est pas ce que le réalisateur pense : "Quand j'ai vu le résultat final, j'ai supplié United Artists de ne pas le sortir. Je trouvais ça atrocement mauvais. Je leur ai même proposé de réaliser un autre long métrage gratuitement pour m'excuser. Finalement, c'est devenu l'un de mes films les plus populaires, adoré dans le monde entier, sans que je comprenne très bien pourquoi."
Quand il repense à son premier film en tant que scénariste, Quoi de neuf Pussycat ?, il est encore moins tendre : "Ça a été un très très gros succès. Eh bien, c'est un très très mauvais film..."
Y a-t-il des films qui trouvent grâce à ses yeux ? Match Point, que Scarlett Johansson a sauvé en reprenant le rôle au dernier moment, remplaçant Kate Winslet qui a finalement abandonné le projet : "Tout s'est ensuite enchaîné comme dans un rêve, le soleil brillait quand il devait briller, la pluie tombait toujours au bon moment... Et puis il y a Maris et femmes. Il est vraiment bien, celui-là."
Il y a également un domaine sur lequel il tient un discours ferme : les remises de prix. Que ce soit les Oscars, qui sont pour lui comme une élection présidentielle - "il faut inviter beaucoup de gens à déjeuner, serrer beaucoup de mains, et c'est le plus riche qui gagne à la fin" - ou la Palme d'or - "je ne crois pas à la concurrence entre les oeuvres d'art, 'ce Matisse est-il meilleur que ce Picasso ?', ça n'a aucun sens !" -, il n'en veut pas. D'ailleurs, lorsqu'il a été honoré du Cecil B. DeMille award aux Golden Globes en 2014, il n'est pas venu le chercher. De toutes façons, c'est le tweet de son fils Ronan Farrow qui a fait plus de bruit, lorsqu'il a remis sur la table l'affaire de Dylan, fille adoptive du cinéaste et de Mia Farrow, qui clame avoir été agressée sexuellement par son père. Etre sacré puis décrié le même jour, c'est l'ironie du showbiz que Woody Allen connaît bien.
Actuellement en tournage de son prochain film - sans titre encore - avec Kristen Stewart, Jesse Eisenberg et Blake Lively (et pas Bruce Willis), l'homme à la clarinette dévoile avec bonheur son Homme irrationnel avec Joaquin Phoenix et l'une de ses actrices fétiches, Emma Stone.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Première du mois d'octobre.
L'Homme irrationnel, en salles le 14 octobre