C'est un metteur en scène encore hanté par la critique cannoise qui sort aujourd'hui son nouveau long métrage, Juste la fin du monde. Si le film a été sacré Grand Prix du jury, Xavier Dolan n'a pas oublié qu'il a aussi reçu l'accueil le plus glacial de sa carrière, surtout venant de la critique américaine. "Tous les films à Cannes polarisent, a-t-il expliqué en conférence de presse à Montréal. C'est le propre d'un festival caractérisé par la détestation. J'apprends beaucoup en lisant les critiques, mais cette année, j'ai eu l'impression de lire des critiques sur ma personne."
Oui, j'ai été extrêmement blessé
Quelques minutes après, invité une table ronde, il poursuivait. "Oui, j'ai été extrêmement blessé par les critiques américaines. J'ai besoin de savoir ce que les gens pensent, mais j'avais l'impression de lire un diagnostic psychologique. C'était tellement personnel et cruel que je suis revenu au Québec dans un état de choc. Il y a quelque chose qui s'est brisé et je ne pense pas que cela pourra se réparer un jour", a affirmé le jeune cinéaste selon The Huffington Post.
Pourtant pas rancunier, Xavier Dolan s'affiche plutôt comme blessé, affirmant comprendre que le public puisse être lassé de le voir toujours aux mêmes endroits. "J'ai compris que les gens étaient tannés de me voir, confie-t-il. C'est ça que j'ai ressenti. Je suis très reconnaissant de l'aventure cannoise. Être membre du jury a été pour moi l'expérience sociale, intellectuelle et émotionnelle la plus enrichissante de ma vie, mais j'ai l'impression qu'il faut parfois partir."
C'est pourquoi Dolan ne présentera pas son prochain film à Cannes. Intitulé The Death and Life of John F. Donovan et emmené par un casting international comptant Jessica Chastain, Susan Surandon, Natalie Portman ou encore Kit Harington, ce premier film en langue anglaise ne sera pas terminé à temps. "De toute façon, je ne crois pas que je l'aurais présenté à Cannes, ajoute-t-il. Le film raconte l'histoire d'une vedette de la télévision américaine qui se fait piéger par le système médiatique. Il y a des recoupements tellement semblables avec ce qui s'est passé à Cannes que j'ai peur que les gens prennent cette proposition comme une entreprise revancharde."