Yannick Alléno n'oubliera jamais. Dans la nuit du 8 au 9 mai 2022, son plus jeune fils Antoine est mort, tué dans un accident de la route. Le jeune homme de 24 ans patientait sur son scooter à un feu rouge lorsqu'un chauffard alcoolisé, au volant d'une voiture volée, l'a violemment percuté, ne laissant aucune chance au fils du chef. Yannick Alléno a depuis surmonté la tristesse et l'impossible travail de deuil pour venir en aide à tous les parents et les proches qui, comme lui, font face à l'absence et à l'injustice après de tels accidents.
Pour Gala, Yannick Alléno est revenu sur ses tristes souvenirs qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire et il crie à l'injustice. Il déplore la prise en charge des coupables qu'il juge bien mieux que le sort réservé aux victimes collatérales que sont les proches des disparus : "J'ai grandi dans un pays où le mot 'égalité' apparaît sur les frontons des mairies. [...] Celui qui a tué mon fils a passé six mois en prison, dont deux en préventive. Il faut savoir qu'un jour, en prison, coûte 105 euros par jour à l'Etat. Sans oublier la voiture qui l'a pris en charge sur la scène du crime, ni le fait qu'il a été interrogé par des policiers, il a vu un médecin, un psy... Tout cela a été mis en place pour lui." Yannick Alléno, lui, n'a eu droit qu'au strict minimum et encore : "Moi, je suis arrivé à l'Hôtel-Dieu, en ambulance. Personne ne m'a adressé la parole. Je suis resté comme un con, assis sur une chaise déglinguée, sans même un verre d'eau. Et j'ai reçu la facture de l'ambulance."
Depuis qu'il a vécu l'indicible, et qu'il sait que des centaines de personnes y sont confrontées aussi, Yannick Alléno a créé l'association Antoine Alléno au lendemain du du drame, avec Isabelle, la mère de son fils : "Quand Antoine est parti, j'ai vu en France, pays des droits de l'homme, des choses que je n'imaginais même pas. Antoine est parti un dimanche, nous l'avons enterré le vendredi suivant. La notoriété de notre famille fait de nous des privilégiés. Dans la vraie vie, cela n'existe pas."
Par le biais de cette initiative, Yannick Alléno veut faire bouger les choses, notamment obtenir la reconnaissance de l'homicide routier, et protéger les bonnes personnes. Une proposition de loi sera même soumise à l'Assemblée nationale en début d'année prochaine : "On veut la reconnaissance des faits, des victimes et des covictimes. [...] Cette loi permettra de mettre en place une chaîne de solidarité, une prise en charge psychologique, financière", poursuit-il dans Gala. "Comme c'est le cas, l'air d'un attentat. J'en appelle à la responsabilité politique. On n'est pas en train de parler de couleur ou de conviction politique. Nous parlons de nos enfants, de l'avenir de notre pays." Et il se battra jusqu'au bout pour obtenir gain de cause.