Avec le film Carnivores, les frères Yannick et Jérémie Renier ont exploré le sujet passionnant des relations dans une fratrie, entre amour, admiration, rivalité, rancoeur... Ils ont choisi de traiter ce sujet à travers l'histoire de deux soeurs, incarnées avec brio par Leïla Bekhti et Zita Hanrot, mais impossible de ne pas les interroger sur les liens qui les unissent l'un à l'autre, puisqu'ils sont tous deux comédiens. Dans Paris Match, ils se confient avec une sincérité désarmante et un profond respect mutuel.
Jérémie Renier, à la blondeur juvénile malgré ses 37 ans, a joué pour Ozon et s'est transformé en Cloclo. Mais ce sont les frères Dardenne qui le découvrent à 14 ans et le font briller dans La Promesse. Yannick Renier, brun ténébreux de 43 ans féru de théâtre, est sorti du Conservatoire Bruxelles avec un premier prix. On serait tenté de les voir en frères ennemis puisqu'ils évoluent chacun dans le domaine du spectacle et que l'un a plus de notoriété que l'autre. Mais que nenni, ils s'aiment, se comprennent et se défendent. Ce qui ne les empêche pas d'avoir leurs doutes et leurs différences.
Même père mais mère différente, ils se voient un week-end sur deux. Jérémie Renier, le plus jeune, décrit son grand frère comme "généreux, entier, présent, drôle, altruiste" et se souvient que durant leur enfance, "tout le monde l'aimait". De son côté, Yannick souligne que la part "d'ombre" et de "petit sauvage" de son cadet a "fasciné la famille" : "Moi qui faisais tout bien, je devenais finalement moins intéressant que lui qui accumulait les conneries". Difficile de sortir des cases, explique l'aîné : "Même quand j'ai déraillé, je suis resté le bon fils. Quand Jérémie est devenu père de famille, il était toujours l'impulsif." Yannick s'était déjà exprimé il y a quelques jours dans Libération. Petit, dit-il, Jérémy l'agaçait car il faisait tout comme lui. Et d'évoquer quelques instants plus tard leur belle complémentarité de demi-frères : "Il n'a de demi que la moitié que je n'ai pas."
Leur père, devenu lui aussi acteur de théâtre mais à 70 ans, porte un regard paradoxal sur la célébrité de son second fils : "Il tentait de minimiser, comme pour me rassurer, mais en même temps, il allait sur ses tournages, il était fasciné", raconte Yannick Renier. Ce dernier ajoute qu'il a connu, à son niveau, du succès : "Sinon, ce serait très dur. Mais j'ai ma place. Mon frère ne me l'a jamais prise."
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine Paris Match du 29 mars
Carnivores, en salles depuis le 28 mars