Biographie
- Naissance : 20 septembre 1947, Boulogne-Billancourt
- Âge : 77 ans
- Signe astrologique : Vierge
- Résidence : France
Isabelle Balkany est une des figures médiatiques marquantes des années 2000. Fièrement campée sur ses positions, en dépit des multiples condamnations, la "Reine mère" de Levallois, fidèle défenderesse de son mari Patrick Balkany, persiste à assumer son statut de "victime" sûre de son bon droit.
Isabelle Smadja naît à Boulogne-Billancourt, le 20 septembre 1947, dans une famille de commerçants juifs de Tunisie. Son père a fait fortune dans l'import-export et le caoutchouc. "Je n'y suis pour rien si j'ai été élevée dans un hôtel particulier de 3000 m² et si, enfant, j'allais en Rolls à l'école !", déclare-t-elle au JDD en 2015.
Après des études chez les soeurs dominicaines, elle entre comme journaliste au journal Combat, dont son oncle Henri Smadja est propriétaire depuis 1950. Peu après, bénéficiant de réseaux solides, elle est nommée à 21 ans directrice de la communication d'Europe 1, une bonne façon de renforcer encore ses réseaux, dans la politique et les médias.
Le 13 décembre 1975, un certain Patrick Balkany, comédien raté, alors gérant de l'entreprise familiale de prêt-à-porter Réty, qu'elle a rencontré chez des amis, l'invite à assister au match de boxe opposant Carlos Monzon à Gratien Tonna lors du Championnat du monde (gagné par le premier) à Paris. Elle "tombe follement amoureuse", et, en 1976, elle épouse Patrick Balkany, dont elle va accompagner la carrière politique jusqu'au bout. Le couple aura deux enfants, Alexandre, né en 1976, et Vanessa, en 1980, tous deux dirigeants de société.
C'est elle qui présente son mari à Marie-France Garaud, conseillère de Jacques Chirac, qui va le faire entrer en politique et devenir co-fondateur du RPR, qui naît en décembre 1976. Il est alors parachuté à Auxerre, pour les législatives, et c'est Isabelle Balkany qui va diriger la campagne. Patrick Balkany n'est pas élu, mais il le sera en 1983 à la mairie de Levallois, madame devenant responsable de la communication municipale.
1995 est une année charnière. Le couple est accusé de prise illégale d'intérêts pour avoir utilisé à son service personnel, dans ses diverses résidences, trois employés municipaux payés par la ville de Levallois. Le couple va alors se séparer durant plusieurs mois, tandis que Patrick Balkany perd ses mandats de maire, et de député en 1997, et qu'il s'affiche avec sa jeune maîtresse.
En juillet 1999, les Balkany sont condamnés par la Chambre régionale des comptes : Isabelle Balkany écope de quinze mois de prison avec sursis et d'une amende 770 000 francs à payer conjointement avec son mari. Le couple essayera à plusieurs reprises de faire annuler les intérêts de cette dette, en vain. Quand, en 2001, Patrick Balkany redevient maire de Levallois, elle est à nouveau à ses côtés et devient première adjointe, chargée de la communication, de l'enfance et des affaires scolaires.
Ce n'est pas pour autant son premier mandat politique. En 1988, pour échapper au cumul des mandats, Patrick Balkany, qui est élu maire et député, doit abandonner son poste de conseiller régional. Charles Pasqua, qui règne alors sur les Hauts-de-Seine, la choisit pour représenter le canton de Levallois Sud, puis il en fait la vice-présidente du conseil général du 92. En 1997, elle se présente aux législatives, en dissidente du RPR, mais n'est pas élue. En 2001, elle reprend à la gauche le canton de Levallois Nord et tente, après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, de se prévaloir de l'amitié qui les lie pour lui succéder à la tête du département. Elle va ainsi démarrer une confrontation fielleuse avec Patrick Devedjian, adversaire de longue date, quoique du même parti, des Balkany. Elle soutient ensuite le jeune Jean Sarkozy contre Devedjian à la présidence de l'Epad, l'établissement public qui gère le quartier d'affaires de La Défense.
Avec des réélections successives à la Mairie de Levallois, le couple Balkany fait de la ville de l'ouest parisien son territoire, s'appuyant sur une gestion faite d'opacité et de clientélisme. En 2009, la chambre régionale des comptes accuse la gestion de Levallois d'irrégularités, en particuliers sur la question des frais de cérémonie de la commune. Un rapport officiel qu'elle conteste avec véhémence.
Mais au fil du temps, celle que d'aucun surnomment "La Thénardier" voit son couple cerné par diverses accusations et enquêtes, notamment de fraude fiscale et de dissimulation de titres de propriété. Le 21 mai 2014, l'édile est mise en garde à vue ; libérée après versement d'une caution d'un million d'euros, elle est mise en examen pour blanchissement de fraude fiscale. Dans un premier temps, elle est contrainte d'avouer qu'elle est bien la propriétaire d'une luxueuse villa, la désormais célèbre Villa Pamplemousse, à Saint-Martin dans les Caraïbes, officiellement détenue par une société écran et qui donc n'a jamais été déclarée au fisc. Dans le même ordre d'idée, le couple est soupçonné d'être également les vrais propriétaires d'un luxueux ryad à Marrakech et du cossu Moulin de Cossy à Giverny, leur résidence secondaire. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique saisit alors le parquet financier, pour "doute sérieux quant à l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité de leurs déclarations de situation patrimoniale, du fait de la sous-évaluation manifeste de certains actifs et de l'omission de biens mobiliers et immobiliers".
Durant les années qui suivent, les Balkany, bénéficiant d'un soutien indéfectible d'une partie de la population de leur ville, semblent prendre de haut ces accusations, et clament leur innocence, en dépit des preuves manifestes qui s'accumulent, au fil des enquêtes de police et des médias. Le couple dispose en effet d'un patrimoine immobilier considérable, or rien n'est à leur nom, les magistrats sont désormais convaincus que les époux Balkany, qui entre-temps sont devenus un sujet récurrent de blagues et de sketchs pour de nombreux humoristes, ont utilisé des sociétés écrans au Panama, au Liechtenstein et à Singapour pour éviter d'apparaître comme propriétaires.
L'instruction est longue, mais elle voit son terme arriver en 2019. Au moment où se profile le procès, le 1er mai 2019, Isabelle Balkany aurait fait une tentative de suicide. Son mari témoigne d'une santé fragile de son épouse, qui l'empêche d'assister au procès du couple pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, et corruption. Lors du premier verdict, le 13 septembre 2019, Isabelle Balkany est condamnée à trois ans d'emprisonnement et dix ans d'inéligibilité, mais en raison de sa supposée santé fragile, il n'y a pas de mandat de dépôt et elle reste libre. De son côté, Patrick Balkany écope de quatre ans de prison ferme et de la même durée d'inéligibilité.
En tant que maire adjointe, elle assure aussitôt l'intérim de son époux et fait montre dans les médias et dans sa ville d'une combativité et d'une énergie qui laissent des doutes sur la fragilité de son état de santé. Les trois demeures litigieuses sont saisies, la villa Pamplemousse est vendue et le produit de sa vente à son tour saisi par la justice.
Le 18 octobre, Patrick Balkany ayant refusé d'être extradé de la prison de la Santé où il purge sa peine, Isabelle Balkany se rend à l'énoncé du verdict du deuxième volet du jugement. Patrick Balkany est condamné pour blanchiment aggravé de fraude fiscale à 5 années de prison, et Isabelle Balkany à quatre années de prison ferme, mais à nouveau laissée en liberté pour raisons de santé. Le couple est à nouveau condamné en outre à dix ans d'inéligibilité. Une procédure d'appel est immédiatement lancée, qui lui permet de poursuivre ses activités de maire par intérim, tandis que le couple annonce que Patrick Balkany, depuis sa prison, pourrait briguer un nouveau mandat de maire. Pendant ce temps, d'autres affaires sont en cours d'instruction, qui pourraient bien alourdir encore la note.