Biographie
- Naissance : 16 août 1948, Neuilly-sur-Seine
- Âge : 76 ans
- Signe astrologique : Lion
- Résidence : France
Sa personnalité truculente et sa gouaille ont permis à Patrick Balkany, durant plusieurs décennies, de mener une carrière politique à l'ancienne, mais ses nombreuses "casseroles" ont fini par avoir raison de sa malhonnêteté avérée, et à 71 ans, en 2019, il a été envoyé en prison.
Patrick Balkany naît Neuilly-sur-Seine le 16 août 1948. Son père est un immigré juif hongrois qui a quitté son pays en 1937 pour la Belgique, dès l'occupation de la Hongrie par les nazis. Entré dans la Résistance, il est arrêté en 1941, interné d'abord au camp de Drancy, puis envoyé à Auschwitz, dont il sort vivant. Revenu à Paris après la guerre, il commence par récupérer et revendre le matériel de guerre américain, trop lourd à rapatrier aux USA, puis investit ses bénéfices dans une ligne de vêtements féminins, puis dans une chaîne de prêt-à-porter de luxe, les magasins Réty. Sa mère est issue d'une famille de tailleurs juifs lettons et ukrainiens.
Ayant raté son bac, Patrick Balkany reprend la direction de la société Réty, après son père, jusqu'en 1975. Il fréquente le milieu du cinéma, comme trésorier d'une association de cinéastes amateurs fondée par le réalisateur - devenu célèbre pour sa production pornographique - Jean-François Davy, puis comme acteur, avec des rôles secondaires dans un film de Denys de la Patellière et dans un autre de Robert Hossein. Des années plus tard, ce hâbleur patenté profitera de ce court passé pour affirmer avoir eu une relation charnelle avec Brigitte Bardot, ce qu'elle démentira formellement. En 1976, il épouse Isabelle Smadja, fille de commerçants juifs de Tunisie, brièvement journaliste à Combat, puis directrice de la communication d'Europe 1. Le couple a eu deux enfants, Alexandre (1976) et Vanessa (1980).
Durant son service militaire, effectué en 1970 au Palais de l'Elysée, Patrick Balkany s'est lié d'amitié avec Michel Jobert, qui l'encourage à se lancer en politique. En décembre 1976, il est ainsi membre fondateur du comité central du RPR. Jacques Chirac l'envoie alors briguer la députation, lors des législatives de 1978, dans l'Yonne, où il est battu. Il s'implante alors à Levallois-Perret, où il ouvre une permanence. En 1981, il y est à nouveau battu aux législatives, par le député-maire sortant communiste, mais un an plus tard il remporte le siège de conseiller général aux élections cantonales et devient vice-président du Conseil Général des Hauts-de-Seine. En 1983, il gagne au premier tour les municipales de Levallois, dont il devient maire. Il va alors transformer drastiquement cette ancienne ville populaire en la débarrassant des nombreuses friches industrielles au profit d'immeubles de bureaux et de résidences huppées.
En 1995, il choisit de soutenir Edouard Balladur aux présidentielles, qui est battu par Jacques Chirac. Lui-même est battu par un chiraquien lors des municipales qui suivent. C'est aussi le début d'une longue litanie d'affaires et de condamnations. En mai 1996, il est condamné pour prise illégale d'intérêts à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d'amende et deux ans d'inéligibilité par le tribunal de Nanterre pour avoir utilisé trois employés municipaux à son propre service, dans ses diverses résidences. Il s'installe un temps à Saint-Martin dans les Caraïbes pour y diriger une radio et une régie publicitaire, mais la radio en question finit par porter plainte contre lui pour en avoir usurpé le titre de directeur.
En 1999, il est condamné par la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-Seine à rembourser les salaires des trois employés municipaux, qui avaient été réglés par Levallois. Il tentera à plusieurs reprises de faire annuler cette dette, en vain.
En 2001, sa période d'inéligibilité supposément terminée, Patrick Balkany se présente à nouveau à la mairie de Levallois, sans étiquette, et remporte le scrutin face au maire sortant, pourtant soutenu par le RPR et l'UDF. Un recours préfectoral fait annuler cette élection, son temps d'inéligibilité n'étant pas tout à fait terminé, mais il est réélu en 2002, très largement, au premier tour.
En juin 2002, il récupère son siège de député de la circonscription et siège au groupe UMP, qui a remplacé le RPR. Il va être réélu par la suite à chaque scrutin, à la fois comme député malgré son absence chronique aux sessions, sanctionnée par une amende en 2011, et à la mairie de Levallois, où il a mis en place une gestion qualifiée de clientéliste. En 2012, la ville est classée comme la plus endettée de France, avec une dette de près de 11 500 euros par habitant. En 2014, il est pourtant réélu au premier tour pour un cinquième mandat consécutif. En 2016, il souhaite briguer à nouveau l'investiture de son parti pour les législatives, mais ses multiples condamnations, et surtout ses procès à venir, commencent à susciter dans les rangs de son parti des débats sur l'acuité de sa candidature. Il y renonce, invoquant le principe de cumul des mandats, et choisit de rester maire de sa ville. Il en profite pour faire voter une augmentation de 56% de son salaire à ce poste, le mettant au plus haut du plafond autorisé.
Au plan national, Patrick Balkany ne s'est jamais fait remarquer, ni dans les prises de parole à l'Assemblée nationale, ni dans les propositions de lois. Il aurait cependant été actif, dans les années 90 à 2010, dans la "françafrique", négociant des contrats ou des alliances, effectuant des médiations dans des échanges commerciaux en général peu transparents.
Après des années d'instruction, deux procès pour fraude fiscale, blanchiment d'argent et corruption ont finalement lieu en 2019. Entre-temps, le patrimoine immobilier dont le couple Balkany se défendait d'être propriétaire a été démantelé et confisqué, suite aux preuves apportées de montages financiers offshore ayant permis qu'ils en soient effectivement propriétaires sans apparaître comme tels. Il s'agissait du Moulin de Cossy à Giverny, saisi en juillet 2015, du Ryad "Dar Gyuci" à Marrakech, saisi par la justice en août 2015, et de la Villa Pamplemousse à Saint-Martin, saisie début 2015 et vendue par la justice, le profit de cette vente étant à son tour saisi. D'autres affaires en cours, comme l'affaire Bygmalion, du financement opaque de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et dans laquelle la ville de Levallois aurait versé 200 000 euros pour des services fictifs, sont toujours en cours d'instruction. Le scandale des Panama Papers aurait en outre révélé l'existence d'un compte offshore détenu par Patrick Balkany. Enfin, la Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France révèle début 2016 que les comptes de la ville de Levallois sont opaques et entachés d'irrégularités flagrantes. Le Figaro et Le Point, des journaux qu'on ne peut guère soupçonner d'être liés idéologiquement à l'opposition au parti de Balkany, insistent dans des articles et dossier sur une gestion opaque et bâtie sur de nombreuses irrégularités de fonctionnement et de financement.
Le 13 septembre 2019, à l'issue d'un procès très médiatisé, Patrick Balkany est condamné dans un premier volet à quatre ans de prison ferme, avec mandat de dépôt. Il est donc transféré immédiatement à la prison parisienne de la Santé. Son épouse est condamnée à trois ans sans mandat de dépôt, au bénéfice d'une situation de santé fragile. Elle semble alors aller mieux puisqu'elle prend immédiatement, en sa qualité de première adjointe de son mari, la direction des opérations à la mairie de Levallois. Le 18 octobre, le verdict dans un second volet de l'affaire reconnaît le couple et leur fils Alexandre coupables de blanchiment aggravé de fraude fiscale, mais ils sont relaxés des accusations de corruption. Ils sont tous deux condamnés à dix ans d'inéligibilité, et à cinq ans de prison pour lui, quatre ans pour elle. Les premiers mois de sa détention sont marqués par des épisodes médicaux et il est successivement hospitalisé à Cochin, puis à la Pitié-Salpêtrière.