À sa sortie sur les écrans américains le 24 février dernier, Get Out était sur toutes les lèvres. Un film d'horreur génial, référencé à souhait pour combler les amateurs du genre, doublé d'une critique sociale acerbe sur le racisme ordinaire. Au bout du compte, ce long métrage signé Jordan Peele a coûté 4,5 millions de dollars, pour en rapporter 170, rien que sur le sol américain. Un carton total, à la fois critique, public et commercial. Et pourtant, derrière, une forme de rentabilité déjà vue et un homme, toujours le même : Jason Blum.
Son nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, sont associés à ce producteur de génie des titres fameux tels que Paranormal Activity, Sinister, American Nightmare, Insidious ou encore Unfriended. À chaque fois, la recette est la même : un coût minime pour une rentabilité extraordinaire. "J'ai passé quinze ans à travailler pour les studios et les indépendants. Chacun son avantage : un système de distribution global pour les premiers, une liberté créative pour les seconds. J'ai voulu combiner les deux", raconte Blum, 48 ans, au Journal du Dimanche.
Mon secret ? Je ne paie pas les gens
Au final, l'homme est gagnant. Paranomal Activity lui a rapporté 900 millions de dollars en six volets quand Insidious (dont le 4e opus doit sortir en novembre) en a déjà rapporté 400. "Mon secret ? Je ne paie pas les gens", ironise-t-il, avec, derrière, une part de vérité. "Au départ, je ne m'octroie aucun salaire, le metteur en scène et les acteurs touchent le minimum. Mais je signe des gros chèques quand les bénéfices tombent. Pour Sinister, le cachet d'Ethan Hawke était de 12 000 dollars. Partager les profits m'apporte beaucoup de satisfaction", assure l'intéressé.
Devenu le golden boy qu'Hollywood admire, cet amoureux d'Hitchcock, qui a grandi entre une mère historienne spécialisée dans la Renaissance italienne et un père directeur de la Ferus Gallery (qui a lancé Andy Warhol), est un fin observateur. Il connaît le marché comme sa poche et il a du flair. Car outre ses films d'horreur à grosses recettes, Jason Blum a aussi lancé un certain Damien Chazelle (La La Land) en produisant son Whiplash. Il a aussi relancé le déchu M. Night Shyamalan en se chargeant de financer Split, carton qui aura par ailleurs une suite. Il a également co-produit The Reader, Des hommes sans loi, The Normal Heart ou encore Jem et les hologrammes.
Si Blumhouse Productions enchaîne aujourd'hui les succès, Jason n'est jamais à l'abri d'un flop. The Gift ou Mockingbird n'ont par exemple pas fonctionné. "Je commets des erreurs, parfois je ne rencontre pas le succès escompté. Mais comme les coûts de fabrication sont limités, je ne perds quasiment jamais mon investissement, et je ne mets pas la clé sous la porte. Il y aura toujours la VOD pour rentabiliser", théorise fièrement le producteur. Audacieux mais pas idiot, Jason Blum – qui est aussi père d'une petite fille de 2 ans, Roxy – a tout compris.