Depuis le 24 février 2022, la guerre fait rage en Ukraine avec l'invasion de la Russie de Vladimir Poutine. Elle détruit un pays et atteint chaque âme qui y vit. Dasha, 16 ans, fait partie des victimes de ce conflit et a raconté son enfer dans les colonnes du Parisien. Enceinte et violée par un soldat russe, elle est la représentation humaine de ce qu'est un crime de guerre, une adolescente dont on semble arriver à percevoir la douleur et la force à travers le cliché en contre-jour que le quotidien a publié.
Dasha vivait dans le village de Krasnivka, pris par les Russes, libéré depuis par les Ukrainiens. Dans le lycée agricole de Kryvyï Rih transformé en centre d'accueil pour les réfugiés, elle a décidé de rapporter ce qu'elle a subi, une dernière fois, avant la naissance imminente de son bébé. Pour tourner la page et avancer, peut-être pour que le criminel soit jugé même si les espoirs sont minces.
Enceinte d'un jeune homme qui a fui vers l'ouest, Dasha est avec sa mère, sa soeur de 14 ans et ses trois petits frères, âgés de 6, 7 et 11 ans. Un matin, deux soldats complètement ivres font irruption là où se trouvent Dasha et ses proches. L'un d'eux la fait monter dans une chambre. "Il m'a demandé de me déshabiller. J'ai dit non. Il m'a dit : 'Alors j'appelle vingt camarades.'" Dasha poursuit, le regard infaillible : "Je ne voulais pas, mais je n'avais pas le choix." Sa mère n'est pas loin et entend grincer les ressorts du matelas. Dasha ne crie pas, elle n'en a pas le droit : "Il m'a ordonné de ne pas faire de bruit, il essayait de m'embrasser, il était contre moi, je voulais le repousser, mais il était beaucoup plus fort, même saoul. Il me tenait par le cou, ça m'asphyxiait un peu. Et il avait cette odeur d'alcool, je la sentais autour de moi."
La jeune fille a subi une pénétration anale non protégée, rapportera ensuite la police. Le calvaire ne s'arrête pas là. Il l'emmène avec lui, lui clamant : "maintenant tu vas venir avec moi. Tu n'as plus de mère, plus de soeurs, plus de frères. Tu es une putain." Il veut la fait boire mais Dasha réussit à l'en empêcher, pour son bébé. Puis d'autres soldats arrivent, de jeunes snipers qui veulent mettre femmes et bébés sous leur protection. "Selon leurs dires, leurs 'camarades' sortaient de prison, libérés de leurs geôles au début de la guerre", explique Le Parisien. D'autres viols auront encore lieu malgré cette "protection". Les Russes ont aussi mené leur enquête, en faisant passer un "test" à Dasha : un gradé l'oblige à venir avec lui dans une pièce pour se déshabiller. Prise de panique, elle vacille avant que le commandant russe ne lui explique qu'il s'agissait d'une mise en scène pour vérifier ses dires...
Dans quelques jours, son bébé va naître. Une autre vie attend Dasha, celle de mère. Mais toujours, elle devra se battre contre ces fantômes du passé qui ont brisé sa si jeune vie.