Comment se construire en tant qu'homme lorsque l'on donne tout pour devenir un champion, et lorsqu'un pays entier nous adule à seulement 25 ans ? Difficile de le savoir, et difficile de s'en sortir pour Camille Lacourt, immense star de la natation jusqu'en 2017 et qui s'est retrouvé avec de nombreuses questions une fois sa retraite annoncée.
Il faut dire que le jeune homme est à l'époque un jeune papa : sa fille, Jazz, est née en 2012 de son mariage avec l'ex-Miss France Valérie Bègue. Un mariage qui n'existe déjà plus : quelques mois avant l'annonce de sa retraite, le couple a divorcé. S'il était resté discret sur le sujet à l'époque, le trentenaire admet aujourd'hui ses torts dans la séparation.
"En 2012, après la naissance de ma fille, la seule empathie que je me permettais d'avoir, c'était pour ma fille. Et même pour la mère de ma fille, avec le recul, je n'étais pas clairement pas assez à l'écoute et je n'étais pas encore le mari attentionné que je suis aujourd'hui avec ma compagne", a-t-il en effet raconté dans une longue interview pour InPower Podcast. Une faute dont il a pris conscience peu à peu, en se voyant dans les yeux de sa fillette.
"Je voulais pas être cette personne pleine de certitudes et d'égoïsme, je ne voulais pas être un mauvais papa, ça ne m'aurait pas rendu heureux. Alors peut-être que le fait de toucher le fond pour me reconstruire à un moment donné m'a aussi aidé. On touche un peu à la psychologie de comptoir mais je pense que ça m'a aidé à être le papa que je voulais être", explique-t-il ensuite, lui qui a traversé une longue dépression.
"Mais voilà, c'était dans ce mode où je pensais que j'avais besoin d'être cette personne-là pour pouvoir gagner les grands championnats. Par contre, en 2017, quand j'arrête de nager et que je dois devenir une vraie personne, que l'excuse d'être un sportif de haut niveau ne marche plus et que je sais que je n'ai pas du tout envie de transmettre à ma fille ce que je suis en train de dégager. Ça a été dur mais il a fallu vraiment tout changer", avoue-t-il, lui qui est également l'heureux papa de Marius (3 ans). Et une anecdote lui fait prendre conscience de tout le chemin à parcourir.
"Il y a un moment où je me dis qu'il faut vraiment me mettre un coup de pied au cul sinon personne ne le fera. Je suis au Chalet des Îles [un restaurant sur une île, dans le Bois de Boulogne, ndlr]. On a pris l'apéro avec des amis, on est en train de discuter et il y a une dame qui passe, un peu en panique, et qui me dit : 'Est-ce que vous n'avez pas vu mon fils ? Il a un K-Way rouge, je l'ai perdu de vue...'", raconte-t-il à son intervieweuse.
"J'y allais souvent, je savais qu'il n'y avait aucun risque de noyade. Mais la réponse que j'ai, c'est : 'Ah j'ai vu un enfant faire de l'apnée mais il avait un K-Way bleu, ça ne devait pas être ça'. Nous on était dans la déconne, mais au moment où je le dis, je me dis : 'Wow, qu'est-ce que c'est stupide ce que tu viens de dire, c'est méchant, c'est gratuit, la maman elle est en panique...'. Mon pote me regarde avec des grands yeux et me dit que celle-là, elle est vraiment pourrie. Je m'en veux tout de suite, et je vais m'excuser", continue le champion, qui ne s'attend pas à la réaction de la dame.
"Je pourrais être le plus gros blaireau..."
Loin de lui en vouloir, celle-ci lui pardonne en effet parce qu'il est connu. Ce qui le choque beaucoup. "Je me dis que je peux être le plus gros blaireau de la terre, jamais personne ne me dira que je suis un blaireau. Je suis rentré chez moi et [...] je me suis dit : 'Il faut vraiment que ce déclic vienne de toi'. J'ai décidé de commencer à avancer et à sortir de ce mauvais côté de la célébrité", conclut-il, racontant en suite avoir rencontré sa compagne Alice au moment où il a décidé de changer, "comme par hasard".
"Elle m'a vraiment accompagné pour devenir celui que j'ai envie d'être", révèle-t-il avec émotion celui qui refuse aujourd'hui d'être le "summum du beauf". Il faut dire que le plus important, c'est de voir "la fierté de son papa, pas du champion", dans les yeux de son adorable Jazz (12 ans). Et on parie que c'est le cas !