La mort de Michel Bouquet a ému toute une profession ce mardi ! Il faut dire que l'acteur, qui nous a quittés à l'âge de 95 ans en laissant sa femme Juliette derrière lui, a marqué son époque avec plus de 800 représentations de la pièce Le Roi se meurt ou de très nombreux films d'auteurs. Il avait par exemple joué avec Alain Delon dans Borsalino ou un François Mitterrand impressionnant dans Le Promeneur du Champ de Mars, en 2005.
Détenteur de deux César, il a été salué par de nombreux collègues qui se sont souvenus de tout ce qu'il leur avait transmis. Mais l'un d'entre eux a été plus touché que les autres : Fabrice Luchini, qui avait rencontré Michel Bouquet au tout début de sa carrière s'est souvenu avec une grande émotion de "l'acteur qui a le plus compté" pour lui.
"Pour moi, c'est un des grands, grands, grands acteurs. Il avait trois choses essentielles : c'était un moine absolu de sacrifice pour restituer le message des acteurs qu'il avait l'ambition d'incarner, une diction unique dans l'histoire du théâtre et une voix magnifique", lui a-t-il rendu hommage sur RTL. Saluant "son humour, sa singularité", il a tenu à penser à ce "poète immense, un homme qui connaissait le répertoire comme personne. Il avait une envie obsessionnelle de servir les auteurs".
Une envie que le comédien avait en effet confiée en 2019, l'une des raisons qui expliquait un tel amour pour la scène. "Au théâtre, la personnalité de l'auteur est tellement majestueuse, que ce soit Pinter ou Molière, qu'on ne fait qu'essayer de porter la parole le plus docilement possible. C'est l'oubli de soi qui est le plus important", avait-il expliqué.
Fabrice Luchini n'a en revanche pas révélé les raisons de la mort de son ami à la radio, se contentant d'expliquer qu'il "n'allait pas très bien" depuis quelques mois et qu'il "commençait à ne plus être maître de tous ses souvenirs". Dévasté par cette disparition soudaine, il a tenu à lui rendre un véritable hommage en vidéo sur son compte Instagram.
"Il m'a appris la puissance de la voix, cette voix unique que Michel avait, cette voix extraordinaire, ce timbre, cette tessiture, cette couleur de voix", explique-t-il, face caméra. "Il m'a appris le silence, l'écoute, la méprise de la technique, la drôlerie, aussi la puissance de la soumission à l'auteur".
Nostalgique, l'acteur qui avait poussé quelques coups de gueule récemment contre le gouvernement, s'est souvenu de sa rencontre avec Michel Bouquet. "Il y a 50 ans, il jouait mon père, moi j'avais un rôle important mais je n'avais pas d'expérience. [...] Je me souviens d'un Michel Bouquet d'une chaleur, d'une gentillesse d'une drôlerie immense. C'était un homme d'une exigence, d'une singularité, d'une intelligence, d'une particularité complète".