"Dreams, are my reality..." Derrière ces paroles et cette mélodie cultes, liées au film non moins mythique La Boum, se cache un homme : Richard Sanderson. C'est lui qui est la voix du slow qui a fait danser tant de couples dans le film qui a révélé Sophie Marceau... et après. Le magazine So Film l'a rencontré et revient sur la truculente aventure de ce tube, mais également sur la vie - qui n'a pas été un long fleuve tranquille - de son interprète, aujourd'hui âgé de 62 ans.
Qui est Richard Sanderson ? Si sa chanson est terriblement connue et reste dans la tête une bonne partie de la journée, l'interprète est peu connu. Son existence mérite pourtant d'être racontée, tant rien ne le prédestinait à faire partie de l'aventure de La Boum.
Fils d'un militaire écossais et d'une pied-noir de Tunisie, Richard Sanderson a grandi jusqu'à ses 13 ans dans des pensionnats anglais. Ses frères font des études brillantes et deviennent docteurs (en physique nucléaire et en hématologie, rien que ça), mais lui choisit une voie différente, de glande (pendant quelque temps) et de musique. Quand il s'installe en famille dans le Sud de la France, il observe les événements de mai 68 ans tout en bronzant à la plage. Avec des copains, il monte un groupe de musique mais finit par "se ranger" pour faire plaisir à sa mère et travaille pour le Club Med. En Guadeloupe, il fait la connaissance d'un New-Yorkais, Shelley Rosenberg, qui lui fait "rencontrer du monde" mais a la mauvaise idée "de céder aux avances de sa femme, qu'il délaissait". Finalement, c'est sa rencontre avec Pierre Jaubert, qui le remarque avec son groupe au côté de Gérard Berliner (accessoirement frère d'un membre du gang des postiches), qui fera basculer sa vie.
Nous sommes au mois d'août 1980. Le producteur Pierre Jaubert, chasseur de talents pour Gaumont et mandaté par le compositeur Vladimir Cosma, doit trouver l'interprète de la chanson de La Boum, à l'époque une comédie romantique à petit budget, sans grande star. Gilbert Montagné ne veut chanter que ses chansons, les studios ne veulent pas payer les frais de déplacement du Californien Michael Franks... Bref, c'est l'inconnu Richard Sanderson qui obtient le poste de crooner. Ce dernier apporte des "modulations" à la composition, qu'il trouvait trop mécanique, et après maintes discussions avec la production, la chanson telle qu'Anderson l'imagine est validée. C'est le début d'un succès inattendu.
Un mois plus tard, 30 000 exemplaires du 45 tours se vendaient par jour et j'étais numéro 1 devant Barbra Streisand
Richard Sanderson se souvient du carton impressionnant du film et de sa chanson originale Reality. Sa mère devient alors madame Boum dans son petit village du Var.
Le tube Reality est numéro un dans une dizaine de pays. Quelques soirées organisées par la production permettent à Richard Sanderson de croiser les interprètes du film et ce dragueur invétéré tente une approche avec Brigitte Fossey - qui le rembarre gentiment -, et danse un slow collé-serré avec Sophie Marceau. Sauf qu'à l'époque, elle n'a que 15 ans et Claude Pinoteau, le réalisateur, met le holà. Richard Anderson ne sait pas trop ce qui lui a pris ce jour-là : "Je ne suis pas Jean-Luc Lahaye."
Il s'imaginait devenir une superstar, la suite des événements sera quelque peu différente. S'il fait une tournée en Italie avec son nouvel album I'm in Love, enchaîne les conquêtes dans le pays (et finit par se faire prendre en chasse par la famille de l'une d'elles), l'album ne se vend pas tant que ça. Il rate La Boum 2 à cause d'une tournée au Japon et se fait doubler par les Anglais de Cook Da Books. Pour L'Etudiante, avec Sophie Marceau et Vincent Lindon, il est écarté, l'équipe du film craignant que cela fasse trop Boum 3.
La Boum a fini par sortir de ma vie
Suivront une déception amoureuse et une dépression "soignée à grand renfort de cocaïne", précise So Film. Il continue de surfer sur le phénomène Reality, et puis La Boum a fini par sortir de sa vie : "Après Reality, je m'imaginais en Elton John milliardaire, des dizaines d'albums à mon actif... Ça n'a pas été le cas mais j'ai une carrière et elle m'a nourri toute ma vie."
Richard Sanderson est aujourd'hui prof de chant au conservatoire de Savigny-sur-Orge et assure de temps en temps galas et émissions nostalgiques, ne reniant pas son passé. Il se dit prêt à composer la musique d'un long métrage, son grand projet.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine So Film des mois de juillet et août 2015