Tout le monde veut être King à la place du King. Télé-crochets encourageant la starisation de sosies (en France, A la recherche du nouveau Michael Jackson vient de couronner trois performeurs), multiples spectacles et créations dites "hommages", ou encore héritage récupéré par un frère (Jermaine) trop heureux d'imposer sa résurrection artistique en devenant le légataire auto-proclamé de son défunt frère : Michael Jackson n'est plus, vive Michael !
Dans la jungle du business de l'ère post-King of Pop qui s'est ouverte dans la minute qui a suivi l'annonce de son décès brutal le 25 juin 2009, le premier moment de la saga discographique posthume de la star est parvenu à cristalliser l'attention : Michael, premier album d'une dizaine à paraître d'ici à 2017 en vertu d'un contrat colossal décroché par Sony sur les pléthoriques inédits de l'icône, paraîtra le 10 décembre. Un album encore placé, à quelques jours de la date fatidique, sous le sceau du secret, mais qui a déjà prêté le flanc à la controverse, avec un buzz nauséabond autour du titre Breaking News, sur lequel l'authenticité de la voix de Michael Jackson est remise en question y compris au sein du clan Jackson lui-même, et un premier single officiel (qui est également le morceau d'ouverture du disque) en duo avec Akon, Hold my hand, qui ressemble bien plus à du Akon fadasse qu'à du Michael Jackson transcendant.
"Un disque qui manque d'intensité..." (E. Marolle, Le Parisien)
Dans son édition de vendredi 26 novembre, le quotidien Le Parisien et son mister musique Emmanuel Marolle livrent un compte-rendu de leurs premières impressions, après avoir eu la primeur de cet album sur la pochette (une huile de Kadir Nelson) duquel trône Michael Jackson, couronné par deux chérubins, sur la toile de fond hagiographique de son existence passée. "Un disque où il ne se passe pas grand-chose (...), un disque qui manque d'intensité", voilà le sentiment général, in fine. "Dix titres [tracklist ci-après, NDLR], quarante minutes, du bon et du moins bon." Oups. Un peu le constat qu'on peut dresser à propos de Michael Jackson : The Experience, jeu vidéo musical disponible sur Wii (les versions Kinect pour Xbox et Playstation Move seront prêtes en mars 2011) qui propose d'incarner le King of Pop en exécutant des chorégraphies inspirées de ses clips : alléchant, le titre d'Ubisoft propose hélas un catalogue, certes fort en termes de setlist, mais un peu trop restreint pour être rassérénant, et des décors décevants, peu immersifs dans la saga clipographique de la star...
Emmanuel Marolle note tout particulièrement, prenant le titre Hollywood Tonight en exemple, que "les tics habituels du chanteur sont gommés par une production percutante qui rappelle les ambiances de son dernier album en date, "Invincible", en 2001." Entre quelques "ballades sans relief", le journaliste trouve des motifs de satisfaction dans les moments où Michael Jackson "se lâche" : cela semble être le cas sur Monster, "son duo avec le rappeur 50 Cent, cinq minutes de tourbillon emmenées par un énorme son, des hurlements, une rythmique parfois mitraillette (...)" ; sur (I can make it) Another Day, "rock puissant" servi avec l'appui de Lenny Kravitz ; sur Behind the mask, "vieux morceau qui semble concentrer le son de multiples époques".
Et l'émotion quasi rédemptrice, le grand frisson, quand, d'outre-tombe, la voix de Michael Jackson résonne "sur un répondeur en ouverture de (I Like) The Way You Love"...
Tracklisting de l'album Michael :
1. Hold My Hand 3:31
2. Hollywood Tonight 4:30
3. Keep Your Head Up 4:50
4. (I Like) The Way You Love Me 4:33
5. Monster (feat 50 Cent) 5:05
6. Best of Joy 3:02
7. Breaking News 4:14
8. (I Can't Make It) Another Day (feat Lenny Kravitz) 3:55
9. Behind The Mask 5:01
10. Much To Soon 2:52
G.J.