La saga discographique posthume du King of Pop ne pouvait pas plus mal démarrer : dès le premier single inédit, la controverse fait rage... De mauvaise augure pour Sony, qui a négocié en mars dernier un contrat phénoménal (d'un montant de 250 millions de dollars) pour l'exploitation du back catalogue mais aussi des nombreux morceaux inédits de Michael Jackson jusqu'en 2017, destinés à figurer sur 10 albums posthumes.
Premier de la série, l'album sobrement baptisé Michael, dont on découvrait récemment l'artwork hommage de la pochette, paraîtra le 14 décembre (avec 10-12 titres élaborés au cours de la dernière décennie), d'ores et déjà annoncé par le single Breaking News (en écoute ci-dessus), enregistré en 2007 dans le New Jersey et "récemment finalisé". Un morceau que d'innombrables fans de la défunte star dénoncent comme une supercherie élaborée avec l'un de ses sosies vocaux. Des fans très véhéments, qui accusent Sony de les prendre pour des gogos et menacent de boycotter l'album - ce qui serait un désastre pour la major. Pour les cadeaux de Noël estampillés King of Pop, ils risquent de se rabattre sur le jeu vidéo d'Ubisoft Michael Jackson : The Experience, ou sur des billets pour la tournée du Cirque du Soleil avec un spectacle dédié.
La polémique s'organise autour de plusieurs foyers : premièrement, la voix supposément de Michael Jackson, effectivement dénuée dans ce titre de ce vibrato si particulier qui était l'un de ses sceaux d'authenticité ; la thématique de la chanson, très auto-centrée sur Michael Jackson et qui évoque le harcèlement médiatique dont il faisait l'objet, complètement improbable selon de nombreux puristes ; la finition du morceau et les emprunts multiples faits à d'autres tracks... Une véritable bataille rangée, puisqu'il se trouve également de fervents défenseurs de ce titre comme étant bien interprété par le King of Pop.
Là où la controverse prend un tour inquiétant, c'est dans les avis négatifs de la famille du King of Pop : les commentaires radicaux et le désaveu de ces nombreux détracteurs sont en effet corroborés pas la position du clan Jackson lui-même ! Le premier, TJ Jackson, neveu du King of Pop, s'est alarmé : "Il n'y a aucun vibrato, ce n'est pas mon oncle (...) Désolé, les fans, que vous ayez à subir ça. Et si vous écoutez les parties a cappella, vous serez encore plus déçus. L'héritage de mon oncle ne mérite pas ça !" Pour lui, la voix sur Breaking News "ressemble à celle de Jason Malachi", un des plus illustres sosies de Michael Jackson - avec lequel il a également en commun ses initiales, inversées (MJ/JM). Même son de cloche chez son frère Terryl, "choqué".
La Toya Jackson partage totalement cette position, elle qui dit "ne pas reconnaître la voix" de son frère : "cela ne ressemble pas à sa voix". Sentiment partagé, même, par la mère de feu le King of Pop, Katherine Jackson (qui, dans le même temps, a offert un inédit de douze minutes), et les enfants qu'il laisse derrière lui et dont elle a hérité la tutelle, Paris et Prince.
Devant l'ampleur de la contestation, Sony a réaffirmé l'authenticité du morceau par voie de communiqué, dans lequel la maison de disques dit "avoir une confiance absolue dans les résultats de ses investigations exhaustives et dans les témoignages de ceux qui furent en studio avec Michael Jackson, permettant d'affirmer que la voix sur l'album est bien la sienne." Un album qui, rappelons-le, avait été critiqué dans son principe même par de nombreuses stars, estimant que Michael Jackson, perfectionniste, n'aurait jamais toléré que des morceaux en état de travail, dans leur version non validée par lui, soient ainsi ivrés au public.
Le fait est qu'une véritable hystérie entoure désormais l'album Michael. Une intensité, une concentration, une psychose telle sur l'authenticité de sa voix que le discernement ne peut qu'en pâtir. Dans ces conditions, où est la vérité ? On peut en effet juger surprenant que des membres "fiables" du clan Jackson se rejoignent pour désavouer la voix du morceau : un tel consensus familial est forcément digne de quelque crédit. Mais, dans le même temps, comment imaginer que Sony eut pu prendre sciemment le risque vertigineux de proposer un "fake", comme tant de fans le dénoncent ? Y aura-t-il un "témoin-clé" dans cette nouvelle bataille autour du legs artistique du King of Pop ?
Et, surtout, après la virulence de la polémique, comment découvrir l'album Michael sans un a priori nocif, paranoïaque ?
G.J.