Entre étonnement, empathie, colère et indignation, le retour de l'ancienne otage Sophie Pétronin dans le pays où elle a été enlevée en 2016 fait couler beaucoup d'encre. Selon Mediapart, la Française âgée de 76 ans est retournée au Mali depuis mars dernier. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a dénoncé une "forme d'irresponsabilité" de la part de madame Pétronin, vis-à-vis de "sa sécurité" mais aussi vis-à-vis "de la sécurité de nos militaires". Il ajoute : "On suit cette situation et le Quai d'Orsay suit cette situation de très près". La classe politique s'est émue de voir la décision de cette femme qui a été libérée en octobre 2020 et été accueillie par Emmanuel Macron à la descente de son avion.
L'ancienne otage française Sophie Pétronin s'est défendue mercredi d'avoir agi de manière irresponsable en retournant au Mali, où elle dit être "chez elle", alors que le gouvernement français a vivement critiqué cette décision. La candidate du RN à la présidentielle Marine Le Pen a exprimé son indignation, jugeant le comportement de l'ex-otage "pas seulement irresponsable et ingrat", mais aussi "indécent et indigne". Le porte-parole du PS Boris Vallaud n'a pas masqué son embarras sur Sud Radio : "Je dirais à tout le moins que ça laisse circonspect, dans une forme d'incompréhension."
"Pourquoi irresponsable ? Je suis chez moi ici", a dit la septuagénaire enlevée en 2016 à Gao, au téléphone à un correspondant de l'AFP. Elle avait, depuis son retour, exprimé sa volonté de retourner au Mali auprès de la fillette qu'elle a adoptée. Sur BFMTV, son fils Sébastien Chadaud-Pétronin a expliqué dans quel était d'esprit se trouvait celle qui se fait désormais appeler Mariam : "J'espère qu'on va pouvoir dédramatiser la situation. Ma mère va bien, elle est à Bamako. Elle n'a pas décidé de retourner dans le désert auprès de ses bourreaux comme on a pu le dire. Elle est aussi partie retrouver sa fille. Elle a passé 6 mois avec moi à Neuchâtel et elle était très malheureuse. Elle a passé 20 ans de sa vie à Bamako. Sa vie est là-bas. Ses bourreaux ne sont pas les Bamakois et les Bamakoises. On a une vieille femme qui est à l'automne de sa vie et elle veut être là où elle se sent le mieux, ou le moins pire. Et c'est à Bamako. Peut-être qu'elle ne se sentait pas chez elle ici chez moi ou en France. Elle cherche où est sa place. Elle voudrait juste que tout le monde l'oublie."
Devant le tollé qu'a suscité le retour au Mali de Sophie Pétronin et de ce qui est perçu comme de l'ingratitude, le fils de la femme engagée de longue date dans l'humanitaire répond : "J'ai longtemps cherché à savoir à qui je devais présenter mes remerciements, elle aussi. Mais on n'a jamais su à qui dire merci. On ne sait pas quel est le rôle de la France dans sa libération. Le Mali aussi était à la manoeuvre. On dit que 200 djihadistes ont été libérés. (...) Elle a fait partie d'un paquet. Ma mère n'a pas été échangée contre 200 assoiffés de sang. On veut faire passer ma mère pour la méchante et la responsable de l'histoire. On se vante de sa libération, mais on en a honte. On veut faire de l'humanitaire et on a honte de ceux qui veulent aider les autres." Il précise enfin que la sécurité de sa mère est assurée à titre privée à Bamako.