Elle n'a qu'un rêve : celui de collaborer, à nouveau, avec son père. En 2018, Richard Bohringer a tourné dans le film L'amour flou, signé Romane Bohringer et Philippe Rebbot, et il pourrait bien repasser prochainement devant la caméra de sa fille. En attendant, la comédienne et réalisatrice est à l'affiche de Petites, de Julie Lerat-Gersant, long-métrage dans lequel elle incarne une éducatrice qui accueille dans son centre une adolescente enceinte. Et c'est sa mère Marguerite qui l'a influencée dans ce rôle bien malgré elle.
J'étais bouleversée
Romane Bohringer a tout simplement grandi sans maman, puisque Maggy Bohringer a quitté le foyer quand elle n'avait que 9 mois. "Au-delà de mon personnage, j'étais très remuée par l'histoire de cette adolescente qui attend un enfant dont elle ne veut pas, explique la cinéaste dans les colonnes de Version Fémina. Lorsque j'ai lu le scénario de Julie, j'étais bouleversée. Il y avait une telle gémellité avec ce que j'ai vécu, avec les thèmes qui me taraudent et irriguent ma vie : la maternité, la transmission, la fragilité du lien mère-fille, la construction de l'adulte qui a eu une enfance cabossée. Mon deuxième film, que je suis en train d'écrire, parlera d'ailleurs de cette attache coupée, de ce que l'on en fait, de ce que l'on en garde."
Avec mille projets en tête, Romane Bohringer s'apprête à adapter le livre Dites-lui que je l'aime de Clémentine Autain... à s'en inspirer, à la sauce autofiction, en tout cas. Si elle a été abandonnée par sa mère quand elle était toute petite, Romane Bohringer ne s'est pas interdit pour autant de devenir maman. En couple avec Philippe Rebbot pendant de nombreuses années, très proche de son ex malgré la rupture, elle a eu deux beaux enfants, Rose en décembre 2008 et Raoul en août 2011, que le public connait bien puisqu'il les a déjà vu sur petit comme grand écran.
Je n'ai pas reproduit le schéma
Mais que conserve Romane Bohringer des blessures du passé ? "Un grand vide et une grande force, évoque-t-elle. Notamment dans le rapport à ma propre maternité. J'ai eu une maman d'adoption qui compte énormément, mais l'abandon initial a accentué les interrogations que se posent beaucoup de femmes sur leur légitimité en tant que mère. Chaque jour passé auprès de mes enfants me fait me dire que je ne m'en suis pas si mal sortie. Et finalement, savoir que je n'ai pas reproduit le schéma, que j'ai 'réussi' là où ma mère avait échoué, m'a rendue plus forte"
Retrouvez l'interview de Romane Bohringer dans le magazine Version Fémina du 6 février 2023.