Bible du rock, Rolling Stone a décidé de (se) poser une question cruciale - et d'y répondre -, au crépuscule de 2015 et à l'aube de 2016 : 5 Seconds of Summer (5SOS pour les millions d'addicts) est-il "un boysband préado ou une bande de pop punks qui se déchirent la tête" ? Sujet épineux...
"A 75%, nos vies respectives prouvent que nous sommes un vrai groupe, revendique illico Ashton Irwin, le batteur, dernier arrivé (en décembre 2011) et doyen (du haut de ses 21 ans presque et demi) au sein de la formation composée également de Calum Hood (bientôt 20 ans), Luke Hemmings (19 ans) et Michael Clifford (tout juste 20 ans). On devient bons, maintenant. On ne veut pas être, genre, un groupe à minettes. On veut être un groupe pour tout le monde. C'est notre grande mission. Je vois déjà des fans garçons qui commencent à émerger, c'est cool. Si les Beatles, les Rolling Stones et tous ces gars peuvent le faire, alors on peut le faire, nous aussi." Peut-être, mais en attendant, ils posent tous les quatre à poil en couverture de la revue rock, avec seulement leurs mains pour protéger leurs parties intimes et des nuages de mots en guise de tatouages. "Le groupe le plus chaud au monde", proclame Rolling Stone à propos des minets australiens qui chantaient l'été dernier She's kinda hot ("Elle est grave chaude"), premier extrait de leur second album, Sounds Good Feels Good, paru en octobre.
La nudité leur a pourtant joué un sale tour en 2014, lorsque les attributs masculins de Calum Hood ont "ébloui" le réseau social vidéo Snapchat : "C'était quasiment une aubaine, d'une certaine manière, parce qu'il ne pourra en fait plus rien m'arriver d'aussi dramatique. Si une autre photo de ma b*** doit circuler, les gens diront juste "Tiens, revoilà sa b*** !" Philosophe...
Sans doute pour tenter de mener à bien leur "mission" et convaincre de leur côté testostéroné, les quatre garçons dans le vent, qui ont affolé les compteurs avec leur premier album éponyme et son hit She Looks So Perfect, se font désirer lorsque l'émissaire de Rolling Stone vient les rencontrer dans leur somptueuse villa de Bel Air, banlieue ultrachic de Los Angeles, louée en janvier par leur label (Capitol) pour l'écriture de leur second album : "Ils ne vont pas tarder", rassure leur assistante tandis que des cadavres de cannettes de bière cernent la cheminée. Il est quasiment 17 heures, et les mecs ont du mal à émerger : un premier descend l'escalier en sous-vêtements, la tronche enfarinée, les cheveux en bataille, puis un deuxième, tout aussi décalqué, un troisième, qui rattaque au Bourbon-Coca, et un quatrième qui s'en grille une. La vie de rockeurs, quoi !
La veille (le 22 novembre 2015), c'était la cérémonie des American Music Awards ; ils y jouaient. "Plein de faux gens, c'était nase", peste Michael ; "Genre, que des Viners et des personnalités d'Internet, ce genre de gens, ça me fait grave ch***", renchérit Luke. Après la cérémonie, comme après toute cérémonie de ce genre, ce fut la tournée des grands ducs : l'after de Nick Jonas, l'after de Justin Bieber au Nice Guy... "Je pense qu'il nous hait, remarque Michael à propos du Canadien. Je ne devrais probablement pas le dire, mais il a passé en boucle son propre album, pendant deux-trois heures." Les plus courageux ont fini la nuit à la fête de The Weeknd. D'où le lever proche du coucher de soleil.
Les anciens lycéens de Sydney qui se sont fait remarquer en postant sur YouTube leurs reprises de... Justin Bieber, Chris Brown ou Bruno Mars, puis ont assuré la première partie de One Direction en 2013, ont bien changé ; leur notoriété a explosé, surpassant celle de leurs prédécesseurs identifiés, comme Good Charlotte ou Sum 41, mais dans un autre registre, celui des réseaux sociaux et de l'hystérie galopante. L'entretien - l'enquête -, disponible en intégralité sur le site de Rolling Stone (avec des révélations cocasses sur Chad Kroeger de Nickelback), tourne ensuite beaucoup autour des fêtes incessantes, aborde le ras-le-bol de cette année qui fut chargée en promo et en questions crétines récurrentes (du genre "sur quelle célébrité as-tu un crush ?"), s'intéresse en particulier à Michal Clifford, "le plus punk-rock" des quatre et un peu déprimé, et à Arzaylea, la brunette avec qui Luke Hemmings sort alors depuis trois mois. Après avoir tenté de garder le secret et esquivé les paparazzi, il assume. La jeune femme, évidemment honnie par les fans féminines du groupe, est passée par une école d'esthéticienne, mais dit vivre désormais de posts sur les réseaux sociaux, en "influenceuse". Son influence ne va pas jusqu'à empêcher son boyfriend de reconnaître à demi-mot avoir eu des plans à plusieurs grâce à sa nouvelle popularité.
L'an prochain, les quatre garçons, qui se lanceront en février dans une longue tournée internationale, s'installeront en binômes dans deux maisons, Hemmings avec Clifford dans l'une, et Hood et Irwin dans une autre. "A notre âge, on ne peut pas vivre ensemble 24/24h, 7/7 jours", fait valoir Clifford, qui a des "différends créatifs" avec Irwin.
Quelque chose nous dit qu'il va s'en passer, des choses, en 2016...