En mai 2016, Médiapart et France Inter mettaient en lumière les témoignages de plusieurs femmes affirmant que le député écologiste et ex-vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin se serait rendu coupable d'agressions et de harcèlement sexuels. Des faits présumés, étudiés par la justice après le dépôt de multiples plaintes, mais qui ne seront jamais jugés car l'affaire a été classée !
Une entrave au rétablissement de la vérité
Comme l'explique l'AFP, le parquet de Paris a considéré lundi 5 mars 2017 que si certains faits étaient "susceptibles d'être qualifiés pénalement (...) ils [étaient] cependant prescrits". La justice s'était saisie le 10 mai 2016 d'une enquête pour "agressions, harcèlement sexuels et appels téléphoniques malveillants" au lendemain des accusations lancées par huit femmes, quatre anonymes et quatre élues écologistes : Isabelle Attard, Elen Debost, Véronique Haché et Sandrine Rousseau. Le récit de ces huit premières femmes avait libéré la parole : au total, quatorze s'étaient confiées dans les médias. Après un an d'enquête, et en dépit d'accusations "corroborées", la justice a donc classé sans suite l'enquête sur Denis Baupin.
Le député et mari de la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a accueilli avec "satisfaction" cette décision, tout en disant regretter "que la prescription s'appliquant à certaines des accusations constitue une entrave au rétablissement de la vérité alors même que son nom et son honneur ont été bafoués", a déclaré son avocat Me Emmanuel Pierrat dans un communiqué. Dans la plupart des cas, ces faits portaient sur une période allant de 1990 à fin 2013, couverte par la prescription qui était de trois ans pour ce type de délit et qui vient d'être doublée dans la loi du 16 février.
Aucun parti ne pourra plus prétendre ignorer ce fléau quotidien
"Si les faits ne sont pas poursuivis, la Société, elle, a compris", ont réagi de leur côté les élues écologistes dans un communiqué conjoint. "Aucun parti ne pourra plus prétendre ignorer ce fléau quotidien qui va du sexisme ordinaire aux violences sexuelles", ont-elles ajouté. "L'extension de ces délais de prescription permettra de mieux prendre en compte la difficulté" pour une victime de déposer plainte, a souligné l'association Osez le féminisme.
Denis Baupin, qui a indiqué qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat de député en juin prochain, s'était défendu en évoquant, notamment par rapport à Isabelle Attard, députée du Calvados, des "jeux de séduction".
Ces derniers mois, les policiers de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire ont entendu une dizaine de victimes présumées, celles qui avaient parlé dans la presse et d'autres apparues au cours de l'enquête, et des dizaines de témoins, dont Cécile Duflot, selon une source proche de l'enquête.
Thomas Montet