C'était la deuxième nuit pour le détenu Strauss-Kahn à la terrible prison de Rikers Island, à New York. Actuellement soupçonné "d'agression sexuelle, de séquestration de personne et de tentative de viol" sur une femme de chambre du Sofitel de Times Square, samedi 14 mai, Dominique Strauss-Kahn a vu sa demande de libération rejetée alors qu'une caution d'1 million de dollars et des garanties de représentation avaient été proposées, en vain. Il est depuis mardi soir placé sous surveillance "anti-suicide" après un entretien psychologique.
Seul dans une cellule de 12 m2 - c'est beaucoup plus sécuritaire ! - depuis son incarcération , il est surveillé toutes les demi-heures par les gardiens mais à contrario de ce qui a été annoncé il n'a pas été obligé de se vêtir de la fameuse combinaison spéciale de couleur orange, ni de porter des chaussons sans lacets aux pieds. Il a été placé dans une unité pour les détenus souffrant de maladies transmissibles... et cela nous interpelle, car certains médias américains, dont le New York Post, révèlent que Natifassou Diallo (que ses collègues appellent Ophélia) la victime présumée, habiterait dans un logement réservé aux malades du Sida... Quand les services de police du commissariat de Harlem ont accompagné le toujours patron du FMI (menotté devant les caméras et les photographes) pour qu'il subisse de nouveaux tests ADN et autres (qu'il a acceptés), ils ont parlé de griffures sur le corps de DSK, des griffures faites (?) par la victime présumée. Ce placement dans cette unité spéciale est-elle une mesure de précaution ? Son épouse Anne Sinclair - qui l'avait pardonné lors de son adultère avec une employée du FMI -, est arrivée à New-York depuis lundi après-midi et s'occupe activement à préparer la défense de son mari, qu'elle soutient à 100%, devrait pouvoir lui rendre visite demain, jeudi.
Dominique Strauss-Kahn attend maintenant la nouvelle étape de la procédure, et sera fixé vendredi, quand le grand jury populaire, composé de 16 ou 23 (?) citoyens ordinaires de Manhattan et déjà réuni à huis clos depuis hier, aura pris sa décision... Coupable, pas coupable ? On vient d'apprendre par BFMTV que Natifassou Diallo est entendue aujourd'hui par ce grand jury. Assistée par le District Attorney (le procureur), elle va raconter son agression présumée et le grand jury aura accès aux preuves de l'accusation. Ces preuves seraient accablantes et montreraient qu'il y a eu tentative de viol, s'appuyant notamment sur l'examen médical pratiqué sur la jeune femme dès samedi après-midi. La reconstitution de l'agression présumée avec la "victime" et les services du procureur a eu lieu hier lundi dans la suite N° 2806 de l'hôtel Sofitel. D'après son avocat Jeff Shapiro, elle est prête à pleinement coopérer à l'enquête et à la préparation du procès qui pourrait suivre, en ajoutant : "Elle n'a rien derrière la tête. Elle fait ça parce qu'elle pense qu'il faut le faire"... Un message fort afin d'éviter une possible proposition financière (?) pour qu'elle retire sa plainte ?
La présumée victime est actuellement à l'abri dans un endroit gardé secret et on ne connaît pas son visage, les seules photos qui existent d'elle sont une silhouette sous un drap blanc quand elle a formellement reconnu DSK au commissariat de Harlem, dimanche soir, au cours d'une séance de "retapissage" (il était au milieu de 4 personnes). C'est à la suite de ce court passage que les avocats de la défense auraient eu cette phrase incroyable et inconvenante : "elle n'est pas séduisante" !
Après son frère hier, c'est son avocat Jeff Shapiro qui s'est exprimé dans les médias (voir la vidéo ci-dessus) : "Elle niera catégoriquement devant la justice avoir eu avec lui une relation sexuelle consentie, quand les jurés vont entendre son témoignage et la voir, quand elle pourra enfin raconter son histoire publiquement (ce qui va se passer dans quelques heures), ils vont se rendre compte que leurs allégations faisant état d'une relation sexuelle consentie ou de rendez-vous, sont fausses", a déclaré l'avocat. "Il n'y a rien de consenti dans ce qui s'est passé dans cette chambre d'hôtel", a-t-il insisté. Ces propos sont précis et coupent l'herbe sous le pied d'une possible stratégie de la défense de DSK "mise en place" par ses avocats.
Certains médias ont en effet avancé que les deux ténors Benjamin Brafman et William Taylor pourraient plaider le rapport consenti... En fait ce ne sont que des théories, car dans la justice américaine, la défense ne dévoile qu'au tout dernier moment ses arguments et ses preuves. C'est la phrase ambiguë de Me Brafman, lundi devant la cour, "les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé", qui pourrait laisser penser à cette théorie, rien n'est moins sûr. Depuis le début de cette triste affaire, Dominique Strauss-Kahn a toujours, par la voix de ses conseils, clamé haut et fort qu'il niait la totalité des faits qui lui étaient reprochés et qu'il plaidait non coupable. Les preuves de l'accusation seraient-elles si fortes qu'un changement de stratégie est à envisager ? Il faut savoir que les avocats de la défense travaillent dans un brouillard complet car ils n'ont toujours pas accès au dossier de l'accusation !
Autre mauvaise nouvelle pour Dominique Strauss-Kahn, c'est la même juge, Melissa Jackson - qui lui a refusé sa liberté sou caution lundi et l'a fait incarcérer - qui recevra l'enveloppe dans laquelle le grand jury (il faut au moins une majorité de 12 voix) aura répondu à la question "Les preuves retenues contre Dominique Strauss-Kahn sont-elles assez importantes pour mériter culpabilité ?". Si la réponse est oui (ce qui semble bien possible, les 7 chefs d'accusation seront-ils tous retenus ?), il y aura une nouvelle audience publique, présidée par Melissa Jackson (aïe !) et c'est donc elle qui posera la question "Plaidez-vous coupable ou non-coupable ?".
Si DSK répond coupable (même s'il ne l'était pas vraiment, mais préférant un arrangement ?), une peine de prison allégée sera alors prononcée et il n'y aura pas de procès. Si la ligne de défense de l'ancien ministre du gouvernement Jospin reste la même, "non coupable", les deux parties auront 45 jours pour poser des requêtes particulières, comme faire annuler des preuves obtenues illégalement, d'un côté comme de l'autre... Et si c'est l'option "non-coupable" qui reste la décision de DSK, les avocats Brafman et Taylor devront alors plaider pour une nouvelle demande de liberté avant le jugement, qui pourrait n'avoir lieu que dans un délai de trois mois à un an. Ils proposeront alors une nouvelle caution qui pourrait se monter à plusieurs millions de dollars... Que décidera la juge Melissa Jackson qui a refusé avec force sa première libération ? Pour DSK, dans sa vilaine prison de Rikers Island, ça doit être "tempête sous un crâne" et franchement que le FMI attende sa démission ou que Martine Aubry se présente à sa place aux primaires du parti socialiste... ce doit être le dernier de ses soucis !
Alors qu'il risque jusqu'à 74 ans de prison, même si 57% des Français pensent qu'il est victime d'un complot (???) quelle décision va-t-il prendre ? "Un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès", dit un vieux proverbe français...