Il est 17 heures ce jour du 16 octobre 1984 lorsque Grégory Villemin, 4 ans, est kidnappé. "C'était une belle journée d'octobre. On a cueilli les pommes jusqu'à 17 heures. A quelques minutes près, on aurait peut-être pu voir passer le ravisseur", se souvient Jean-Paul, ancien pompier de Lépanges-sur-Vologne (Vosges), dans les pages de Paris Match. Dans l'édition du 19 août 2021, il raconte comment il a découvert le corps du petit Grégory.
Ce sapeur-pompier volontaire est alerté par sa caserne quand ses collègues lui apprennent que les "étangs du coin" sont dragués à la recherche du garçonnet. "Tu tombes bien. Tu vas à Docelles. Le gamin est peut-être dans la Vologne", lui dit-on. Du "n'importe quoi" d'après Jean-Paul, qui refuse d'y croire. "On est partis avec deux autres pompiers et puis ma femme qui était enceinte. On blaguait dans la voiture", se rappelle-t-il.
Armés de pilles électriques, ils explorent les rives de la rivière. C'est là qu'il découvre quelque chose coincé entre deux rochers, "un truc qui ressemblait aux sacs poubelle bleus de l'époque". En réalité, il s'agissait de l'anorak de Grégory, "gorgé et gonflé d'eau". Il faut alors avertir les parents du garçonnet. Jean-Paul fonce vers les étangs et y découvre une foule. "Je suis tombé sur le père de Grégory. Je connaissais bien Jean-Marie. Il m'a dit : 'Qu'est-ce qu'il y a, Jean-Paul ?' Je devais avoir une drôle de tête ! Je réponds : 'Rien, rien. Ton fils, il avait un bonnet bleu ?'. 'Oui...' Il est dans la Vologne à Docelles". Christine Villemin hurle et s'effondre à côté.
De retour sur les lieux où Grégory a été retrouvé, Jean-Paul participe à l'opération pour sortir le corps de la Vologne avec l'autorisation du procureur. "On me voit sur la photo qui a fait le tour du monde. On a posé l'enfant dans une grande couverture blanche, puis on l'a emmené dans la caserne de Docelles. Le capitaine Sesmat a fait sortir tout le monde sauf le docteur, le procureur et moi, je ne sais pas pourquoi. On a ouvert la couverture. C'est là qu'on l'a enfin vu vraiment", se souvient-il.
Tous découvrent alors ces cordes aux pieds, aux mollets, aux jambes, aux bras ainsi qu'une autour de la tête. "Il avait le teint blanc, je n'avais vu ça, et surtout les yeux grands ouverts". Une scène qui l'a marqué "à jamais".