Bafouée, traitée de menteuse, tombée dans l'oubli, puis mise en examen et relâchée... Murielle Bolle est l'un des personnages clés de l'affaire Grégory Villemin. Trente-quatre ans après le meurtre du petit garçon, qui n'a toujours pas été élucidé, la femme de 49 ans sort un livre, Briser le silence (éditions Michel Lafon, paru le 8 novembre 2018), afin de raconter sa vérité, revenant sur trente années de calvaire qui l'ont "brisée".
Pour rappel, Murielle Bolle a tout juste 15 ans lorsque le petit Grégory est retrouvé mort. Lors de son interrogatoire, l'adolescente, épuisée et poussée à bout par les gendarmes selon son témoignage, incrimine son beau-frère Bernard Laroche, l'époux de sa soeur Marie-Ange et le cousin de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. Deux jours plus tard, elle se rétracte. Cinq mois plus tard, Jean-Marie Villemin abat Bernard Laroche d'un coup de fusil, une vengeance pour laquelle il purge une peine de cinq ans d'emprisonnement. Christine Villlemin, la mère de Grégory, sera soupçonnée à son tour et fera de la prison, avant d'être innocentée. Aujourd'hui, le nom de l'assassin du petit Grégory n'est toujours pas connu et Murielle Bolle, qui clame l'innocence de Bernard Laroche, a sa mort sur la conscience.
Interviewée par le magazine Elle, Murielle Bolle est ainsi revenue sur l'un des derniers rebondissements de l'affaire. En juin 2017, après les déclarations de Patrick Faivre, un cousin qu'elle "connaît à peine" et qui a déclaré aux autorités qu'il avait assisté à une "sacrée rouste" que Murielle Bolle aurait reçue de la part de sa famille après avoir incriminé Bernard Laroche, celle-ci est mise en examen pour "enlèvement suivi de mort". Murielle Bolle passe alors 38 jours en détention avant d'être remise en liberté sous surveillance. Le 16 mai dernier, sa mise en examen a finalement été annulée pour vice de procédure.
Je voulais protéger mon compagnon et mes enfants
Avant cela, Murielle Bolle était retombée dans un certain oubli et avait fondé une famille. Devenue maman pour la première fois à 20 ans, elle a eu deux fils avec son premier compagnon, Fabien, puis Johnny. "Je me suis construit une petite vie, pas facile tous les jours parce que je n'ai pas beaucoup de moyens, mais ça va. Puis j'ai rencontré Yannick, qui avait cinq enfants. Et on en a refait un ensemble, qu'on a appelé Yannick, comme son père. Je n'étais pas malheureuse avec nos huit gosses", confie-t-elle au Elle.
Durant toutes ces années de bonheur familial, Murielle Bolle ne mentionne jamais l'affaire Grégory avec ses proches. "Je voulais protéger mon compagnon et mes enfants. J'avais entendu tellement de trucs méchants sur nous. Que nous étions des demeurés. Des rustres. Des alcooliques. On a même dit que j'étais la maîtresse de Bernard. J'ai préféré oublier", justifie-t-elle.
Trente-toi ans après les faits, en juin 2017 donc, les gendarmes la placent en garde à vue sous les yeux de son petit dernier de 15 ans qui "ne comprend rien et pleure". Lors de sa détention, Murielle Bolle apprend que son mari se désolidarise. "Yannick me quitte, il n'y a que mon aîné, Fabien, qui vient me voir et s'occupe de moi. Et mes frères et soeurs", révèle-t-elle. Aujourd'hui, elle essaie de se reconstruire. Encore. "Je suis séparée, je veux juste être tranquille", clame-t-elle. Et de conclure au sujet de l'affaire Grégory : "Tant qu'on n'aura pas retrouvé le monstre qui a fait cette horreur, qui a enlevé la vie à un petit gosse innocent, on ne retrouvera jamais la paix."
L'interview de Murielle Bolle est à retrouver dans son intégralité dans le magazine Elle en kiosque le 9 novembre 2018