Le 8 novembre 2023, le biopic L'abbé Pierre : une vie de combat, sortait au cinéma avec Benjamin Lavernhe et Emmanuelle Bercot. Une réalisation qui a d'ailleurs été mise en avant au Festival de Cannes 2023 dans la sélection officielle, hors compétition. Presque un an plus tard, et surtout presque trois mois après les révélations sur les accusations qui visent l'homme religieux, l'équipe du film a réagi.
À l'heure qu'il est, pas moins de 24 personnes accusent l'abbé Pierre d'agressions sexuelles et les témoignages sont percutants. Si des proches du créateur d'Emmaüs se sont déjà exprimés comme Nolwenn Leroy qui estime qu'il faut séparer l'homme de son combat, ce mardi 17 septembre, la production et l'équipe artistique du film L'Abbé Pierre : une vie de combats, a fait savoir qu'elles condamnaient les "crimes" réalisés par celui qui est mort en 2007. "Ces crimes, qui éclairent d'un jour totalement nouveau le destin de l'abbé Pierre, nous étaient évidemment inconnus au moment où nous avons réalisé ce film, comme ils étaient inconnus des Français", a-t-il été indiqué via un communiqué de presse. "Nous condamnons ces crimes et tenons à témoigner avec force notre soutien total aux nombreuses victimes de l'abbé Pierre", est-il ensuite écrit.
Pour Télérama, Frédéric Tellier, le réalisateur du film, s'est exprimé. "Quand nous avions évoqué ce projet avec mon producteur, nous nous sommes dit que nous allions faire un film sur un sujet fédérateur et qui fait du bien. Il nous a donc fallu du temps pour sortir de l'état de sidération. J'ai passé cinq ans à faire ce film, à voir mes enfants grandir, les emmener à la Fondation Abbé-Pierre, leur offrir des bandes-dessinées sur lui... Je me sens comme une victime collatérale un peu lointaine. Pas au niveau des victimes qui ont subi ces agressions, bien sûr", a-t-il déclaré.
Pour ce film, Frédéric Tellier et ses équipes ont fait des années de recherches et aucune archive, aucune rencontre, ne laissait entrevoir le scandale. Il explique : "Oui, j'ai presque l'impression d'être un peu sali. Je pense que nous sommes tombés dans le piège des documentations officielles sur l'abbé. Il y en a tellement : biographies, livres, photos, témoignages... Ça a peut-être pris du temps sur ce que j'aime faire d'habitude : mener l'enquête. Sur toute l'équipe du film, composée de cent cinquante personnes, une quinzaine ont cherché des témoignages et des archives. Les acteurs Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot et Michel Vuillermoz ont rencontré des personnes qui l'avaient connu : des gens de la fondation, sa dernière femme de ménage... Aucun de nous n'a trouvé de failles."
Ces révélations sur l'abbé Pierre ont eu un retentissement énorme. La Fondation a déclaré être choquée par "la violence et l'extrême gravité de certains témoignages". Emmaüs a donc proposé de modifier son logo. Une assemblée générale doit se réunir en décembre pour en débattre. La statue de l'homme d'Eglise qui se situait devant l'Emmaüs de Lescar a aussi été retirée Et le lieu de mémoire dédié à l'abbé Pierre, lequel se trouvait à Esteville en Seine-Maritime, a définitivement fermé ses portes. À présent on parle même de débaptiser des lieux ou des monuments portant le nom de l'abbé.