Ce drame a profondément choqué les Français, et un cinquième homme s'apprête à être entendu ce mercredi 19 juillet par le juge d'instruction. Il s'agit du carnage qui a coûté la vie à Kévin Trompat et Leslie Hoorelbeke, retrouvés les 3 et 4 mars 2023, après plusieurs mois de recherche et une disparition qui remonte à la nuit du 25 au 26 novembre 2022. Cet homme c'est le "K", désigné par Tom Trouillet. Un proche de Nathan Badji, lui aussi mis en examen pour "assassinat" aux côtés de Mickaël Zadi et d'Enzo Challat. Un nom tout droit sorti d'un film de Tarantino, qui est en réalité un jeune homme de 24 ans, né à Caen, qui bosse comme veilleur de nuit au Havre et serait fabricant de bombes artisanales, capable de manier les explosifs et présent durant la guerre en Ukraine, rapporte Le Parisien.
Les forces de l'ordre finissent par mettre la main sur le "K", alias Stevan Mathieu, évoqué par Tom Trouillet lors de sa garde à vue. Un jeune homme "intelligent", né à Caen en janvier 1999. Interpellé le 12 avril dans un hôtel du Havre, où il travaille comme veilleur de nuit, il a été entendu pendant deux jours. Prouvant qu'il sait slalomer entre les questions, masquer ses émotions et trafiquer son CV. Son séjour en Ukraine ? Il n'y a été que par sympathie pour le peuple ukrainien, et "principalement comme cuisinier". Quid de son implication dans l'affaire Leslie et Kevin ? Le "K" admet avoir effectué le voyage mais seulement, "pour soutenir moralement son ami Nathan Badji", qu'il connaît depuis trois ans et qui était très marqué par l'accident grave qui venait de rendre son père paraplégique.
Le week-end, les deux amis l'auraient passé à écouter de la musique en voiture, buvant du whisky et de l'absinthe. Ils auraient ensuite rejoint Tom Trouillet à une teuf techno, où le "K" décrit ce dernier comme "défoncé avec quelque chose qui l'empêche d'articuler mais je ne saurais vous dire quoi". Son récit coordonne avec le bornage de son téléphone, témoignant de son habileté. Les enquêteurs le soupçonnent de ne pas dire toute la vérité, mais de ne pas mentir totalement non plus. Le dimanche en début de matinée, le duo "Badji-le K" se serait alors selon nos confrères du journal Le Parisien rendu dans un Bricomarché situé à mi-chemin entre Niort et La Rochelle "pour acheter deux sacs de chaux vive, une pelle et de la mort-aux-rats". Les enquêteurs ont ainsi bien du mal à ne pas relier cette liste de course à la volonté de faire disparaître les corps de Leslie et Kevin, ainsi qu'empoisonner le chien de Leslie, Onyx.
Puis, les allers-retours des hommes impliqués dans ce massacre correspondent au moment d'enterrer les dépouilles, sur le terrain situé sur la commune de Magné (Deux-Sèvres), dans le Marais poitevin. Après avoir évité les questions des gendarmes, pendant deux jours, Stevan Mathieu a été mis en examen pour "enlèvement et séquestration", "recel de cadavre" et "modification de l'état des lieux d'un crime". Le "K" a finalement reconnu son implication dans des faits de recel de cadavre et modification d'une scène de crime, devant le juge. Il conteste en revanche toute participation à l'opération d'enlèvement et de séquestration. Après ce massacre qui a unit les quatre hommes, le "K" aurait maintenu le contact notamment avec Mickaël Zadi, via la messagerie cryptée Telegram, lui proposant même des solutions de repli, comme "un départ à l'étranger en dehors de la Communauté européenne, dans un pays sans extradition".
Si l'enquête reste en cours, les motivations de Stevan Mathieu seraient purement financières, n'ayant aucun lien avec les victimes. Son ami lui aurait ainsi promis espèces ou cocaïne, récupéré sur le dos de Kevin Trompat. Plusieurs suspects seront à nouveau interrogés de mois de juillet. Ce mercredi le "K", et jeudi Tom Trouillet.