Pendant plusieurs semaines, ils ont affronté l'horreur du procès, les révélations, les mensonges de Nordahl Lelandais, l'assassin de la cadette de leur clan, Maëlys. Puis le soulagement, lorsque l'ancien militaire a été condamné à la prison à perpétuité. Mais aujourd'hui, les membres de la famille de Araujo sont perdus, sans la petite fille à qui ils ont enfin rendu justice.
Sa mère, Jennifer, et sa grande soeur Colleen, aujourd'hui âgée de 17 ans, ont accepté de parler à Paris Match de la petite Maëlys, de leur dégoût pour l'assassin et ses excuses mais aussi de leur situation, aujourd'hui que tout est terminé. Pour la jeune fille, c'est la fin d'une étape très difficile.
"J'ai le contrecoup de tout, maintenant. Plus de quatre ans d'instruction, le procès... Je me fais aider à mon tour, en ce moment. Avant le procès, j'étais très stressée, sans objectif. J'avais des idées noires, je voulais rejoindre ma soeur. Le vide de Maëlys me détruisait de l'intérieur. Je dois faire mon deuil", explique-t-elle.
Pour autant, elle reste forte et veut croire en l'avenir, soutenue par ses parents, de qui elle reste très proche. "J'ai vécu un drame qui a brisé ma vie pour toujours mais je ne veux pas tomber dans la vengeance. La haine n'est pas la solution. Je voulais que le verdict me permette de me projeter dans un avenir serein et sûr". Une maturité impressionnante pour une adolescente si jeune.
Pas étonnant cependant de la part de Colleen, qui a longtemps été un pilier essentiel pour ses parents, Jennifer et Joachim, qui ont divorcé en 2019 après deux fausses couches. Le couple, en plein deuil, avait d'ailleurs parfois du mal à sortir la tête hors de l'eau. "J'allais les consoler, les booster. J'étais un peu leur maman, ils étaient comme mes enfants. C'était normal que je me fasse oublier, ils venaient de perdre leur fille", se souvient-elle, alors que sa maman s'excuse de ne pas avoir assez pensé à elle.
"Ils étaient inquiétants, tous les deux ! J'avais peur qu'ils se suicident. Quand ils allaient voir leur avocat, à Lyon, je craignais qu'il leur arrive un truc sur la route. A la maison, papa ne réagissait pas comme maman. Ils ne parlaient que de Maëlys ou de l'enquête. J'ai souffert de mon côté". Après le procès et son témoignage courageux, dans lequel elle avait traité Nordahl Lelandais de "déchet", elle a fini par aller parler à sa petite soeur.
"Après le procès, on est allé, maman et moi, devant sa tombe à La Tour du Pin. J'ai dit à ma soeur qu'elle était mon héroïne, que lui, il était en prison et ne ferait plus jamais de mal à personne. Je lui ai appris à se défendre. Un jour je lui ai dit 'Si quelqu'un s'en prend à toi, tu griffes de toutes tes forces'. Je pense que dans cette voiture, elle s'est défendue, qu'elle l'a griffé ou tapé", conclut-elle, dans un témoignage bouleversant.