Aïssa Maïga séduit par son intelligence, sa force tranquille et son sourire chaleureux. Même lorsqu'elle évoque des sujets sombres et douloureux, la comédienne opte toujours pour l'optimisme, la sagesse et l'espoir
Interviewée samedi 9 juin 2018 par Catherine Ceylac sur le plateau de l'émission Thé ou Café sur France 2, l'actrice de 43 ans s'est d'abord confiée sur l'assassinat de son père, Mohammed Maïga. Journaliste politique malien, ce proche du président Thomas Sankara (également assassiné) a été empoisonné en 1987 au Burkina Faso. Pour Aïssa Maïga, le meurtre de son père demeure en partie un mystère qu'elle tient absolument à résoudre.
"J'ai quelques pistes, mais elles sont ténues. Je cherche car je prépare un documentaire sur mon père. Mon père était donc journaliste, il était basé en France, il était Malien mais il a énormément travaillé au Burkina Faso, un pays qui a connu une révolution à laquelle il a pris part, une révolution sociale auprès de Thomas Sankara. C'était des jeunes Africains assez flamboyants qui croyaient en l'égalité entre les hommes et les femmes, qui avaient un discours très pointu en terme d'écologie, et surtout qui étaient en rupture avec la Françafrique, c'est-à-dire un mode de corruption étatisé entre la France et ses anciennes colonies", a-t-elle déclaré.
On essaye de maintenir le souvenir, de faire vivre sa mémoire
Lors de son entretien, Aïssa Maïga a évoqué une autre épreuve douloureuse, le décès brutal de son frère. "Il est mort vraiment trop jeune, il était adolescent. Il est mort d'une leucémie, il est parti extrêmement vite. Ce sont des choses qui marquent à vie les êtres, la famille. Et en même temps, on apprend à... On apprend à l'accepter d'une certaine façon, même si c'est inacceptable et que c'est absolument révoltant et qu'il y a cette présence-absence. On se demande ce qu'il serait devenu, et puis on essaye surtout de maintenir le souvenir et de faire vivre sa mémoire", a-t-elle conclu.
Maman de deux fils aujourd'hui adolescents, Aïssa Maïga était présente sur le plateau de Thé ou Café pour promouvoir le livre Noire n'est pas mon métier, ouvrage qu'elle a co-écrit avec quinze autres femmes du monde du septième art (Nadège Beausson-Diagne, Mata Gabin, Maïmouna Gueye, Eye Haïdara, Rachel Khan, Sara Martins, Marie-Philomène NGA, Sabine Pakora, Firmine Richard, Sonia Rolland, Magaajyia Silberfeld, Shirley Souagnon, Assa Sylla, Karidja Touré et France Zobda) avec lesquelles elle forme et soutient le collectif Diasporact. Le 16 mai dernier, toutes étaient d'ailleurs réunies sur le tapis rouge du Festival de Cannes pour faire entendre leurs voix et dénoncer la sous-représentation des femmes de couleur au cinéma.