Parmi les femmes qui ont tenu une grande place dans la vie d'Alain Delon, icône du cinéma décédé le 18 août à l'âge de 88 d'un lymphome à évolution lente, Nathalie Delon tient une place particulière. En plus d'être la mère de son premier enfant, Anthony, elle est la seule que le Samouraï a décidé d'épouser. Un couple sublime - les amoureux, à la beauté équivalente, semblaient être des sosies -, qui ont toutefois mis un terme à leur histoire et leur divorce est officialisé en 1969, après cinq ans de mariage. Pourquoi la comédienne, qui nous a quittés en 2021 à 79 ans, a-t-elle toutefois gardé le patronyme de son ex-époux ?
Dans les pages de Paris Match qui lui a consacré sa couverture de l'édition du 29 août, on retrouve une archive d'interviews. Au journaliste Patrick Mahé qui écrivait dans le magazine en 1984, Alain Delon expliquait pourquoi son ancienne femme n'avait pas repris son nom initial après leur séparation : "J'ai souhaité et demandé à ma femme qu'elle garde son nom de Delon après notre divorce. J'avais 4 ans quand mes parents se sont séparés. J'ai trop souffert d'avoir un père qui s'appelait Delon et une mère, madame autrement."
Alain Delon n'a jamais caché les failles qui résultaient de son enfance difficile. Originaire de Sceaux, l'acteur est né du couple formé par Fabien Delon (1904-1977), directeur du cinéma de Bourg-la-Reine et d'Édith Arnold (1911-1995), employée dans une pharmacie. Ils ont divorcé au début de la Seconde guerre mondiale et dans Paris Match, il confiait alors : "J'ai compris tôt ce qu'était la rupture, l'abandon et la solitude... Comment comprendre que vos parents se débarrassent de vous quand vous n'avez que 4 ans ? Je n'ai jamais vu mes parents ensemble. Mon père d'un côté, ma mère de l'autre. Chacun sur une rive et moi sur une île entre les deux. Je n'étais pas leur priorité, reconnaît-il. J'avais 4 ans et ils m'ont viré..."
Une séparation qui résulte au placement du petit Alain dans une famille d'accueil dont le père est gardien de prison à Fresnes, puis un passage au pensionnat catholique de Saint-Nicolas d'Igny et d'autres établissements scolaires dont il ne cesse de se faire renvoyer. Il retrouve sa mère lorsqu'elle épouse en secondes noces Paul Boulogne, un commerçant boucher-charcutier mais préfère suivre la voie militaire et s'enrole pour l'Indochine. Il faudra attendre les années 1950 pour que l'instable jeune Delon trouve sa voie et fasse éclater sa "belle gueule" dans tous les cinémas. Un parcours réussi pour le 7e art qui ne l'empêchera pas de garder ses blessures de l'enfance à vif toute sa vie et un goût pour la solitude. Toutefois, c'est plus entouré que jamais qu'il a été honoré pour ses funérailles dans son domaine de Douchy ce 24 août dernier.