C'est l'un des moments forts de ce 72e Festival de Cannes : la remise ce dimanche 19 mai 2019 de la Palme d'or d'honneur à un Alain Delon très ému. Le monstre sacré du cinéma a reçu, des mains de sa fille Anouchka (28 ans), son trophée pour l'ensemble de sa carrière malgré les protestations d'associations féministes. En larmes, il a remercié le public à qui il a souhaité dire au revoir. Avant de monter les marches du Palais des festivals, l'acteur de 83 ans qui aime tant les bains de foule avait longuement salué le public et signé quelques autographes. Plus tôt dans la journée, il avait donné une masterclass, au cours de laquelle il avait évoqué son amour pour le cinéma et sa fierté d'avoir eu une si belle carrière, sous la direction des plus grands réalisateurs.
"Il y a longtemps que je n'ai pas autant chialé", a avoué la star française, le visage rougi par l'émotion, sous un tonnerre d'applaudissements. Dans une salle comble, en présence notamment du ministre de Culture Franck Riester, du président du Festival Pierre Lescure et de son délégué général Thierry Frémaux, le public avait été invité à porter un badge avec le mot "star", rappelant celui qu'il avait accroché au revers de sa veste à Cannes en 2007.
"Ce soir, c'est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant, a commenté la légende du cinéma controversée. Je vais partir, mais je ne partirai pas sans vous remercier." "Si je suis une star, et c'est pour ça que je veux vous remercier, c'est au public que je le dois et à personne d'autre", a-t-il ajouté, soulignant qu'il pensait aussi à deux des femmes de sa vie, les actrices Mireille Darc et Romy Schneider.
Un peu plus tôt, l'icône du cinéma français des années 60 et 70 avait foulé le tapis rouge de Cannes au son notamment de la musique du Clan des Siciliens d'Henri Verneuil. Sur sa veste, un badge représentant la couverture du magazine Paris Match de la naissance de sa fille chérie, dont la mère est Rosalie Van Breemen. La jeune femme devenue comédienne de théâtre est apparue sublime sur les marches dans sa robe Elie Saab, sur lesquelles elle a dans un premier temps posé avec son compagnon Julien Dereims. Le Guépard est très proche de sa cadette, moins de ses deux fils, Alain-Fabien et Anthony.
C'est d'ailleurs avec Anouchka qu'il a déclaré dans Gala préparer l'avenir : "C'est ma fille qui sera l'exécutrice testamentaire. Elle le sait, même si elle n'aime pas trop qu'on en parle. Elle me croit immortel. Ce sera elle et personne d'autre. Non seulement, elle a ma confiance, mon amour, mais elle sait ce qu'elle veut et ce qu'elle fait. À 28 ans, c'est bien !" Le duo était déjà apparu côte à côte à Cannes : en 2007, pour la première fois de la jolie brune sur la Croisette, puis en 2010. Le benjamin de la star, lui aussi acteur, avait d'ailleurs confié à Point de vue cette année : "À ses yeux, j'ai l'impression que la relève est plus incarnée par ma soeur."
S'il a accepté de recevoir cette Palme d'honneur, Alain Delon a toujours entretenu des relations mouvementées avec le Festival de Cannes. Il était venu pour la dernière fois sur la Croisette en 2013 pour la projection d'une copie restaurée de Plein Soleil de René Clément, après avoir présenté en 2010 une version également restaurée du Guépard. Mais avant cela, le comédien au caractère ombrageux avait boudé pendant dix ans le Festival, vexé de ne pas avoir été invité aux célébrations du 50e anniversaire en 1997.
Alain Delon était venu en compétition à Cannes pour la première fois en 1961 pour Quelle joie de vivre de René Clément, puis pour L'Éclipse de Michelangelo Antonioni en 1962, Prix du jury, et Le Guépard de Luchino Visconti, Palme d'or en 1963. Mais en 1976, Monsieur Klein de Joseph Losey avait été froidement accueilli, provoquant une première fâcherie.