Plein soleil sur Alain Delon. Dans son numéro d'août 2017, l'édition française du Vanity Fair consacre un dossier souvenirs à l'icône du cinéma français. Une rencontre avec morceaux choisis où Delon parle de Delon, à la première comme à la troisième personne. Il évoque ainsi ses débuts et les fameux mots d'Yves Allégret, l'homme qui lui avait confié son premier rôle alors que le jeune Delon n'était personne. "Je ne savais rien faire, raconte-t-il. Allégret m'a regardé et il m'a dit : 'Ecoute-moi bien, Alain. Parle comme tu me parles. Regarde comme tu me regardes. Ecoute comme tu m'écoutes. Ne joue pas, vis.' Ça a tout changé. Si Yves Allégret ne m'avait pas dit ça, je n'aurais pas eu cette carrière."
Dès lors, il égrène ses souvenirs pour finir par livrer un constat sans appel sur le cinéma d'aujourd'hui. Quitte à passer pour un "vieux con" assumé. "Ceux qui disent 'c'était mieux avant', je les trouve vieux cons. Mais moi, c'est différent parce que c'est vrai : de mon temps, c'était autre chose, c'était vraiment, assure-t-il, avant de rajouter : Le vieux con te parle ! Moi, tu vois, j'en ai plus rien à foutre, j'ai tout eu [...] J'ai eu une chance folle : j'ai été heureux toute ma vie."
Et parmi ses moments de bonheur, il cite Romy Schneider - "le grand amour de ma vie", dit-il – et ne cache pas son émotion en l'évoquant. "La Piscine, je ne pourrai jamais le revoir, c'est impossible [...] Entendre Romy me dire 'je t'aime' alors qu'elle n'est plus là, je ne peux pas", glisse-t-il avec émotion. Des femmes, autres que la divine Romy Schneider, il en sera aussi question car elles ont été le leitmotiv d'Alain Delon. Et il ne s'en cache pas, quitte à encore parler de lui à la première personne avec une prétention qui en agacerait certains – malgré une évidente vérité derrière ses propos. "Je suis beau. Et il paraît que j'étais très très très très beau. Regarde Rocco, Plein Soleil ! Elles étaient toutes folles de moi, de 18 à 50 ans", clame-t-il. Et de rajouter : "Les femmes sont devenues ma motivation. Je leur dois tout. Pour elles, j'ai toujours voulu être le plus beau, le plus grand, le plus fort, et le lire dans leurs yeux."
Papa de trois enfants – Anouchka, Anthony et Alain-Fabien –, l'acteur est aujourd'hui proche de la retraite. Encore une pièce et un film, et ce sera l'heure du clap de fin pour le grand Delon. Place alors à la nouvelle génération, à commencer par ses propres enfants, dont le nom a été plus lourd à porter qu'il n'a été un avantage. "C'est un nom qui suscite un rejet et il a du mal à le comprendre", répond Anouchka, qui a joué une pièce avec lui, Une journée ordinaire. "Des producteurs refusent des projets à cause de mon nom. Pour moi, ça a commencé au cours Simon. J'étais timide, j'étais nulle et j'entendais : 'je viens rien que pour voir comment la fille de Delon va se casser la gueule'", se souvient la jeune comédienne.
Dossier à retrouver dans Vanity Fair, numéro 49 d'août 2017.