Réputé dans le monde entier pour sa passion de l'accord parfait entre mets et vins, le chef étoilé Alain Senderens, qui a longtemps oeuvré aux destinées du restaurant L'Archestrate puis du Lucas Carton à Paris, est mort à l'âge de 77 ans dans son domicile de Corrèze, comme confirmé à l'AFP.
Lundi 26 juin, jour de sa mort, le critique gastronomique Gilles Pudlowski s'était exprimé sur son blog pour lui rendre hommage. "Il était l'un des derniers grands créateurs de Paris. (...) Ce créateur était un visionnaire. Voilà qu'il nous quitte dans sa 78e année. Dans sa retraite du plateau de Millevaches, il s'était fait discret, s'était peu à peu retiré du monde. Ce tout grand de son métier était un seigneur, qui soignait ses assiettes comme son apparence. Nous ne t'oublierons pas, cher Alain. Tu nous manques déjà", peut-on lire.
Alain Senderens faisait partie des plus grands chefs français avec trois étoiles Michelin depuis 1978. En 2005, il avait décidé de renoncer aux trois étoiles que le célèbre guide lui accordait depuis vingt-huit ans pour faire un nouveau restaurant "sans chichis" et plus abordable, qu'il rebaptisa Senderens. "Je veux faire un restaurant différent, une grande bouffe sans chichis, moins ampoulé où le prix du repas tournerait autour de 100 euros, Il faut bouger les choses (...) il y a les grands palaces qui dépensent énormément d'argent et on ne pourra jamais les suivre", avait-il alors déclaré.
Figure de la nouvelle cuisine, Alain Senderens était un inventeur à l'origine de mets "qui revisitaient la cuisine d'aujourd'hui à l'aune des grimoires d'autrefois", se souvient encore Gilles Pudlowski, évoquant son foie gras chaud au chou ou sa raviole de langoustine. Après avoir été "raciste dans le vin" ("comme beaucoup de gens je ne connaissais que le Bordeaux quand j'étais plus jeune"), il avait mis les bouchées doubles pour rattraper son retard et a modifié sa cuisine. Au point de devenir le maître de l'accord mets et vin, un thème sur lequel il a écrit de nombreux ouvrages. "Un vin me donne des idées. Il donne un cadre à mon travail, dans la recherche des accords, c'est-à-dire en texture, volume et densité. Quand je me suis trompé, le vin devient plat, le mets sonne faux", avait-il confié.