Il aura fallu attendre près de 10 ans avant que ce bras de fer juridique ne soit dévoilé. jeudi 27 août 2021, L'Obs a révélé une affaire d'héritage jusqu'alors méconnue mêlant Albert de Monaco au défunt Kellogg Smith, un riche Américain installé en principauté, et sa veuve. En jeu ? Un patrimoine estimé à 3,5 millions d'euros, avec notamment un appartement dans le 16e arrondissement de Paris, une chambre de bonne (coûteuse) sur le Rocher et divers actifs financiers.
À quel testament se fier ? Celui qui lègue toute la fortune de Kellogg Smith au prince Albert ou celui qui partage l'héritage entre le souverain et la veuve ? Une épineuse affaire de gros sous qui a commencé en 2011, lorsque le riche rentier américain Kellog Smith est décédé à Monaco, à l'âge de 85 ans. Le défunt ne laisse aucun héritier, si ce n'est son épouse, le seul proche présent lors de ses obsèques. Selon nos confrères, Kellogg Smith avait rencontré Isabella (un faux prénom) en 1997 grâce à la publication d'une petite annonce dans Nice-Matin, peu après le décès de sa première épouse. Isabella est Italienne, elle vient d'une famille modeste et vit à Nice en tant que professeure de yoga. Après deux ans de romance, le couple s'était marié à Monaco.
Une union rapidement obscurcie par les problèmes de santé du riche retraité, qui tente même de se suicider en 2005. Un événement à la suite duquel il s'était retrouvé sous curatelle, puis sous tutelle. Kellogg Smith et Isabella ont fini par vivre séparément, avant d'entamer une procédure de divorce inachevée. Lorsque l'Américain décède en 2011, un premier testament rédigé de sa main est révélé par un notaire monégasque (cousin du prince Albert) : "Je soussigné Monsieur Kellogg A.F. Smith prends les dispositions suivantes : je révoque tout testament antérieur. J'institue pour légataire universel le prince Albert II de Monaco. Écrit de ma main à Monaco, le 23 juin 2005." Sauf que le défunt n'a pas écrit ce testament devant ledit notaire.
Ce testament ne manque pas de choquer la veuve. Elle ignorait tout des intentions de son mari, qui n'était en rien un proche du clan Grimaldi. Cité par L'Obs, l'avocat du prince Albert précise : "Cela arrive assez souvent que des personnes sans héritiers lèguent leur fortune au prince Albert, lequel reverse l'argent à des fondations." Sauf qu'en rangeant les affaires de son époux, Isabella Smith découvre une lettre d'adieux en guise de testament, écrite peu avant sa tentative de suicide en 2005, donc après celui communiqué au notaire. Un document qui sème le doute puisqu'il précise : "À ma connaissance, je ne laisse aucun testament de nature juridique (...). Je souhaite que tout mon héritage, argent et biens, puisse être distribué, attribué à un tiers à mon épouse et le reste à d'honnêtes institutions de bienfaisance à Monaco ou ailleurs."
Le premier testament est finalement celui qui est retenu en 2012 par le tribunal monégasque, qui ordonne le transfert du patrimoine de Kellogg Smith au prince Albert. Isabella Smith tente alors de négocier à l'amiable et suggère une donation de 15% de l'héritage à la Fondation Princesse Charlene de Monaco. Des discussions qui n'aboutissent pas et finissent devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, qui se prononce en faveur de la veuve et du second testament. Condamnés à reverser l'intégralité de la succession, le mari de la princesse Charlene et ses avocats auraient alors fait appel en raison des 100 000 euros de dommages et intérêts à verser à la veuve.
La situation s'est depuis envenimée entre les deux camps : Isabella Smith a certes reçu les 100 000 euros en 2018, et même obtenu des intérêts pour le retard. En revanche, elle n'a pas récupéré l'appartement parisien et ne peut pas le vendre, elle qui "peine à en payer les charges". L'accès aux comptes de son défunt mari lui est toujours refusé par les banques. La veuve de bientôt 70 ans reste déterminée à obtenir la part qui, selon elle, lui revient. Le 9 septembre prochain, la cour d'appel de Paris ordonnera ou non le déblocage des fonds détenus par la banque.