Actuellement en plein triomphe sur les planches avec une adaptation d'Amok, Alexis Moncorgé est en train d'éclore. Petit-fils de Jean Alexis Moncorgé, dit Jean Gabin, ce jeune comédien de 28 ans évolue avec le poids de l'héritage d'un grand-père qu'il n'a pas connu, mort dix ans avant sa naissance. Loin du visage dur et de la gouaille de son aïeul, Alexis s'est forgé son propre nom. Fils d'éleveurs de chevaux, l'interprète d'Amok a grandi dans l'Orne, loin du bruit parisien, mais aussi des paillettes qui auraient pu être son quotidien si Mathias, son père, avait décidé de reprendre le flambeau à la mort de son père. Mais il en a été autrement, et Alexis Moncorgé ne le renierait pour rien au monde.
J'ai travaillé dans des bars pour payer mes cours et mon loyer. J'ai trimé !
Se confiant au magazine Point de Vue, le comédien, déjà nommé l'an dernier pour le Molière du meilleur espoir masculin pour son rôle dans Au Bonheur des Dames d'Emile Zola, pourrait bien aujourd'hui frapper plus fort. Avec Amok, c'est la critique qui applaudit à tout rompre, et le public qui remplit le Théâtre de Poche Montparnasse, à tel point que la pièce a été prolongée jusqu'au 30 avril (elle était initialement prévue jusqu'au 13 mars). Une belle récompense pour un gamin qui a grandi avec "les gens de la terre, les pieds dans la réalité", et qui a bossé pour en arriver là. Et de se targuer aujourd'hui qu'il a tout fait tout seul. "Je vous assure que rien ne m'a été donné. Aucun passe-droit", clame le comédien, qui dit s'être "débrouillé tout seul" lorsqu'il est arrivé à Paris avec la volonté d'être comédien. "J'ai travaillé dans des bars pour payer mes cours et mon loyer. Vous me voyez arriver quelque part avec une pancarte : 'Je suis le petit-fils de Jean Gabin' ? Non, j'ai trimé", surenchérit-il, avant de confier son agacement si des "vieux comédiens" lui assènent des réflexions du type : "Le grand-père a fait le boulot pour toi." L'éternel cliché du piston...
Conscient qu'il a un poids sur les épaules, Alexis Moncorgé explique pourquoi il n'a pas pris le pseudo de son grand-père, mais aussi une certaine distance avec la figure de Gabin. "Je ne renie absolument pas mes racines. Ce serait bête. Je suis très fier de l'histoire de ma famille... Cependant, j'ai mis un certain temps à vivre avec cette 'filiation', avec une forme de détachement", confie le jeune homme, conscient qu'avec un tel bonheur, "tu te sens l'obligation d'être meilleur parce que les autres t'attendent au tournant". Qu'à cela ne tienne, le petit-fils de Jean Gabin aime les défis et semble bien les avoir relevés.
D'autant que pour Amok, Alexis Moncorgé a fait plus que donner de sa personne. L'histoire de cette pièce débute dans la pauvreté. "Je n'avais aucun projet, plus un seul kopeck en poche", assure le bel homme, qui s'est mis à chercher la perle rare avant de tomber sur la nouvelle de Stefan Zweig. "Un coup de foudre, c'était limpide", explique-t-il. La suite de l'histoire, vous la connaissez.
Interview à retrouver en intégralité dans Point de Vue, en kiosque depuis le 10 février.
Christopher Ramoné