L'actrice Anémone est morte, succombant "au petit matin du 30 avril (2019) des suites d'une longue maladie", selon une déclaration de son agent, Elisabeth Tanner, à l'AFP. Agée de 68 ans, la comédienne a rendu son dernier soupir à Poitiers, dans la Vienne, non loin du petit village où elle vivait. Déjà l'an dernier, les nouvelles n'étaient pas bonnes puisqu'elle était apparue affaiblie, en fauteuil roulant, aux Soirées lyriques de Sanxay, également dans la Vienne, dont elle était la marraine.
Anémone avait fait ses adieux à la scène après avoir fêté ses 50 ans de carrière en novembre 2017, une carrière qui avait commencé au cinéma à la fin des années 1960 avec le film... Anémone de Philippe Garrel, d'où elle tira son surnom. Elle n'avait jamais cessé de tourner pour le grand écran, son dernier film La Monnaie de leur pièce d'Anne Le Ny étant sorti en 2018. Parmi ses films cultes, il y a bien évidemment Le Grand Chemin de Jean-Loup Hubert, sorti en 1987 et qui lui a permis de décrocher le César de la meilleure actrice - elle a été nommée à la cérémonie à cinq reprises. Figure de la troupe du Splendid, au sein de laquelle elle avait fait ses débuts au café-théâtre, le grand public a aussi pu rire de ses performances dans Le père Noël est une ordure (1982) - inoubliable Thérèse... - ou Les Bidochon (1996).
En parallèle du cinéma, Anémone avait aussi mené une carrière sur les planches, jouant notamment dès 1972 dans La Prison dans une mise en scène Robert Hossein. Elle avait également joué dans L'Avare ou Mademoiselle Werner. Ces dernières années, elle avait été à l'affiche de Jacky au royaume des filles (2014), Rosalie Blum (2016) et La Monnaie de leur pièce (2018), son dernier film, dans lequel elle mourait en laissant des héritiers se déchirer.
Réputée grande gueule - certains diront aigrie -, Anémone distillait ses confidences avec franchise. L'actrice était la maman de deux enfants, Jacob (40 ans) et Lily (35 ans), et elle n'a jamais caché qu'elle regrettait d'avoir été mère... "Les enfants, ça bouffe, ça bouffe et après ça fout le camp ! (...) Quand vous en avez, vous dites adieu à votre vie, à votre personne, à tout ! (...) À 22 ans, je voulais me faire ligaturer les trompes. Je me suis dégonflée. Mais j'ai regretté toute ma vie d'avoir des gosses", disait-elle en interview il y a quatre ans. Nul doute que ses enfants sont tout de même aujourd'hui dans le chagrin, tout comme ses anciens camarades.
Parmi les premiers à avoir réagi à l'annonce de la mort d'Anémone, Michel Blanc, sollicité par RTL dans RTL Soir, s'est dit "bouleversé" bien qu'il admette qu'ils s'étaient "perdus de vue" : "C'était une sorte de génie brut de la comédie, a-t-il souligné. Quand je l'ai connue c'était une beauté... Une sorte d'Arletty, elle avait cette puissance comique, en même temps elle était très belle, très séduisante et très folle, elle a toujours été très folle... Elle avait une imagination absolument débordante, elle était tout sauf rationnelle, sauf routinière... Il y avait toujours quelque chose d'inattendu dans ce qu'elle faisait... Et puis elle était assez ingérable aussi, mais ça n'a jamais posé de problèmes quand on a travaillé ensemble. Il faut dire que à mon sens elle n'a pas eu la carrière qu'elle aurait dû avoir, parce qu'elle a eu des moments d'absences volontaires... Elle était anti-conformiste. J'ai toujours eu beaucoup de tendresse pour elle..."
Thomas Montet