Au-delà de l'émoi provoqué par sa bouleversante déclaration dans les colonnes du New York Times dans laquelle elle révélait, mardi 14 mai, avoir eu recours à une double mastectomie pour réduire ses risques de développer un cancer du sein, le témoignage poignant d'Angelina Jolie a eu le mérite de lever le voile sur un sujet ultratrabou et d'impacter, à l'échelle nationale, une situation médicale très trouble.
Bien loin d'uniquement lever le voile sur un épisode personnel familial et douloureux, la démarche de l'actrice a non seulement décomplexé de nombreuses femmes, malheureusement concernées par les mêmes problèmes de santé mais a aussi mis en lumière une bataille juridique qui fait actuellement rage concernant le fameux gène défectueux BRCA1, dont la star est porteuse (et responsable du cancer héréditaire du sein et des ovaires).
Aux Etats-Unis, le gène en question est au coeur d'un litige opposant Myriad Genetics, une société de biotechnologies qui en revendique la propriété, à des organisations de médecins, de patients et de défenseurs des libertés qui refusent que des gènes puissent être brevetés. En tant que "propriétaire" du gène BRCA1 et BRCA2, qu'elle a isolé en 1990, Myriad Genetics (basée dans l'Utah) bénéficie en effet du droit exclusif de recherche et d'analyse, ce qui fait d'elle la seule société à être en mesure de mener à bien des tests de dépistage.
Pour les plaignants, cette situation entrave la recherche fondamentale et ce manque de concurrence fait surtout grimper la facture de telles démarches médicales. Dans sa lettre au New York Times, Angelina Jolie (dont la mère, Marcheline, est décédée d'un cancer ovarien en 2007) évoquait d'ailleurs le coût prohibitif (3000 dollars) pour certaines femmes d'un test de dépistage de ces gènes. "La lumière qu'elle jette sur les barrières aux tests, notamment leur coût, est l'une des questions au coeur de notre affaire", a déclaré Sandra Park, avocate de l'Union américaine pour la défense des libertés (ACLU).
Si elle n'influencera probablement pas la décision de la célèbre institution, la sortie médiatique d'Angelina Jolie (qui fait la couverture du très prestigieux magazine Time) intervient un peu plus d'un mois avant que la Cour suprême, appelée à se prononcer dans cet épineux dossier, ne rende son verdict final.