Anh Dao Traxel, fille de coeur des Chirac: 'Je suis contre Bernadette et Claude'

Anh Dao Traxel faisait partie des boat people, des naufragés ayant fui le Vietnam dans l'espoir d'une vie meilleure. En 1979, elle est recueillie par Jacques Chirac, alors maire de Paris. Ce jour-là à l'aéroport, le futur président sèche les larmes de la jeune fille de 21 ans. Elle devient sa fille de coeur et s'installe chez Bernadette Chirac et lui. Et puis, du jour au lendemain, le soir de son élection à l'Élysée, Anh Dao Traxel comprend qu'elle n'est plus la bienvenue. C'est ce qu'elle raconte dans une nouvelle autobiographie et au micro de Thomas Sotto sur Europe 1 ce jeudi matin. Dans sa ligne de mire, Bernadette et sa fille Claude Chirac.

"Je ne me suis pas sentie une seconde comme une étrangère dans cette famille, confie Anh Dao Traxel au micro. (...) Il y avait plein d'amour, de tendresse, la jeunesse avec les deux filles, Laurence et Claude." Pendant deux ans, Anh Dao Traxel vit à leur côté, elle apprend le français et Bernadette lui offre même sa première robe de mariée. Mais ce bonheur ne dure pas : "Ça fait trente-cinq ans que je suis dans la famille de Chirac et tout d'un coup je n'existe plus. (...) Jusqu'au 7 mai 1995, le jour de son élection, où le rideau est fermé, la porte fermée, je ne peux plus passer." Ce jour-là, elle est pourtant avec Jacques Chirac à son QG de campagne : "Il m'avait promis de m'amener à l'Élysée. Mais manque de pot, le lendemain, je tombe sur Bernadette au téléphone qui me dit : 'Qu'est-ce qu'elle veut encore au président, la petite ?' Donc j'ai compris que je n'irai nulle part, que je n'aurai pas de travail au château et que je n'aurai plus le droit le voir."

Avec l'écriture de ce nouveau livre - Chirac : Une famille pas ordinaire - Les confidences de leur fille de coeur -, Anh Dao Traxel comprend que Jacques Chirac "ne vit pas avec la nostalgie". Alors quand Bernadette et sa fille Claude décident de mettre à l'écart la fille de coeur, le président laisse faire. Plus grave encore, Anh Dao Traxel estime n'avoir été qu'un argument électoral de plus dans sa campagne : "Pensez-vous que je suis naïve ?, a-t-elle demandé ce matin à Thomas Sotto. Je sais que, dès le jour où il m'accueille à l'aéroport, c'est déjà un clic politique, une récupération politique." Malgré tout, ce n'est pas à lui qu'elle en veut aujourd'hui : "Écoutez, moi je suis là, avec mon père qui profitait de mon image en politique. J'étais enchantée de lui rendre service, mais on ne pouvait pas m'empêcher d'avoir de l'amour pour lui. (...) Vous pouvez juger l'homme politique, l'animal politique, tout ce que vous voulez, mais vous ne pouvez pas toucher à l'amour que j'ai eu pour mon père pendant trente-cinq ans. C'est pour ça que je suis là, aujourd'hui, pour me faire l'avocat du diable, je défends mon père jusqu'au bout et je suis contre Bernadette et Claude Chirac."

Alors que l'état de santé de Jacques Chirac est préoccupant, Anh Dao Traxel ne l'a plus revu depuis novembre 2012 aux obsèques de Maurice Ulrich où elle l'a croisé, sans pouvoir lui parler. "Je souhaite de tout coeur retrouver l'homme qui m'a cherchée le premier jour à l'aéroport."

Chirac : Une famille pas ordinaire - Les confidences de leur fille de coeur d'Anh Dao Traxel (Hugo Doc), en librairies le 5 juin.