Depuis plusieurs années, la fille de coeur de Jacques Chirac, Anh Dao Traxel, ne voit plus celui qui l'avait recueillie en 1979. Alors âgée de 21 ans, Anh Dao faisait partie de ses boat people, des naufragés fuyant le Vietnam dans l'espoir d'une vie meilleure. Dans une nouvelle autobiographie à paraître le 5 juin, elle accuse l'entourage de l'ancien président de l'avoir privée de celui qu'elle considère toujours comme son père. Dans sa ligne de mire, Bernadette Chirac et sa fille Claude. Anh Dao s'en explique cette semaine dans le supplément magazine du Parisien.
Dans Chirac : Une famille pas ordinaire - Les confidences de leur fille de coeur, Anh Dao Traxel revient sur ses liens forcément étroits avec Jacques et Bernadette Chirac. Des liens qui, depuis bien longtemps, ne sont plus des liens d'amour. "Chirac est mon père de coeur. Mais aujourd'hui, je suis coupée de lui. Ses proches font barrage, et je ne comprends pas pourquoi. (...) D'où ce livre. Je veux dire que je fais encore partie de cette famille, que je n'oublie pas ce que j'ai vécu avec eux."
En 1979, Jacques Chirac alors maire de Paris recueille la jeune femme. Il lui offre un toit, une deuxième famille, des cours de français. Bernadette Chirac lui paye sa première robe de mariée. Ce temps est révolu. Anh Dao Traxel n'a plus revu les Chirac depuis l'enterrement, en novembre 2012, de Maurice Ulrich, qui fut le directeur de cabinet de Jacques et un ami. Ce jour-là, elle n'ose pas aller le saluer. Ce qu'elle craint avec le recul, c'est d'avoir été utilisée : "J'étais considérée comme un membre de leur famille quand Bernadette et Claude le voulaient bien. Quand elles avaient besoin de moi pour amadouer la communauté asiatique ou l'opinion publique, raconte Anh Dao Traxel dans le Parisien Magazine. Elles m'ont demandé d'assister à des réveillons chinois, de faire des photos pour le magazine Gala en pleine campagne présidentielle. À cette époque-là, ça me plaisait. Aujourd'hui j'ai des doutes. J'ai le sentiment d'avoir été un peu utilisée à des fins électorales."
Jacques Chirac élu président, son entourage fait comprendre à sa fille de coeur qu'il "n'était plus le chef du clan Chirac, mais le président des Français". Anh Dao Traxel n'aura jamais le droit de lui rendre visite à l'Elysée. "Peut-être que ma famille adoptive avait honte de moi, dit-elle aujourd'hui. Parce que j'étais femme de service dans un foyer pour retraités." C'est justement l'autre reproche qu'elle adresse au clan, celui de ne pas lui avoir permis de faire des études : "Michel Drucker, Philippe Douste-Blazy ou Charles Millon ont adopté des boat people comme moi. Ils les ont encouragés à faire des études, ce qui leur a permis d'avoir une carrière convenable. (...) Moi, on ne m'a même pas laissé le temps d'apprendre le français. Bernadette m'a très vite trouvé ce travail de femme de service dans un foyer pour retraités. Ce que je regrette beaucoup."
À 56 ans, Anh Dao Traxel lance ce cri d'amour. Elle s'inquiète de la santé de Jacques Chirac : "L'amour de mon père me manque énormément. Il est malade, et je voudrais être là pour lui, mais je ne peux pas." Bernadette ou Claude Chirac répondront-elles à cet appel ?
Chirac : Une famille pas ordinaire - Les confidences de leur fille de coeur de Anh Dao Traxel, Hugo Doc, en librairies le 5 juin.