En 2014, Anne Consigny se lançait dans un projet ambitieux : réaliser un documentaire à propos d'une jeune arménienne, Nariné, atteinte d'un cancer très virulent et qui avait essayé, en vain, de se faire soigner en France. L'actrice, qui avait accueilli la jeune femme et sa mère, très pauvres, les avait accompagnées jusqu'à la mort de Nariné et avait décidé de faire un film sur leur histoire.
Un documentaire puissant et une histoire qui l'a profondément marquée, elle qui a perdu des proches du cancer, dont un compagnon dans le passé, une histoire dont elle ne parle que très rarement.
En 2016, lors d'une interview à Paris Match sur le sujet, la comédienne avait révélé à demi-mots cette histoire qu'elle se refuse à aborder : "J'ai une amie qui est morte d'un cancer, un amoureux aussi." Des proches décédés dont elle ne parlera plus et qui n'ont toutefois pas ravivé chez elle la peur de la mort. "Toutefois, ça ne m'angoisse pas plus que ça. Ma grand-mère est morte à 99 ans, j'avais un lien extrêmement fort avec elle, alors je sais que je vivrai aussi longtemps qu'elle", continuait-elle.
L'actrice et réalisatrice a pourtant pris conscience il y a peu du temps qui passe : "Quand j'ai eu 50 ans, j'ai réalisé que j'allais entamer la seconde partie de ma vie, mais aussi la dernière. Je n'avais jamais pensé à ça avant." Cependant, sa conviction reste forte et ne pourrait s'effriter que dans un seul contexte : "Il n'y a que la mort de mes enfants qui pourrait me faire peur."
Le projet sur la jeune Nariné a bien sûr été montré plusieurs fois à la famille et les bénéfices ont servi à aider ses parents, très pauvres et qui élèvent leurs enfants difficilement. Un acte obligatoire pour la mère de Vladimir et Louis, dont le père est le réalisateur Benoît Jacquot : "Ça leur permettrait de racheter une maison, payer au père de Nariné son opération des hanches et des lunettes pour Susanna. Qu'ils aient une base pour vivre plus sereinement. A ce moment-là, je pourrai mourir tranquillement."
Très franche, elle se confie sur cette épreuve qui a changé sa vie : "Parce que je suis complètement obsédée par eux depuis que je les ai rencontrés. Comme si le fait que Nariné soit morte chez moi m'avait conféré une responsabilité. Comme si je leur avais volé un peu leur fille. Et si les gens pensent que je ne suis qu'une bourge qui veut sa place au paradis, je réponds : 'Oui, peut-être'. En attendant, j'agis."