Après avoir longtemps joué les doublures, Anne-Élisabeth Lemoine a repris les rênes de l'émission C à vous depuis la rentrée 2017, reprenant ainsi la place d'Anne-Sophie Lapix, partie remplacer David Pujadas pour présenter le JT de France 2. Une suite logique pour l'animatrice qui avait déjà fait ses preuves au sein du programme quotidien en tant que chroniqueuse depuis 2014. Et un pari réussi puisque, depuis sa reprise, C à vous enregistre des records d'audience.
Interviewée pour le magasine Psychologies, Anne-Élisabeth Lemoine revient sur sa success story qui est loin d'avoir été une évidence, surtout pour ce petit bout de femme qui souffre d'un cruel manque de confiance en soi. À la question de savoir si elle regarde ses émissions en rentrant chez elle, la présentatrice en chef n'est pas tendre avec elle-même. "C'est difficile. Je ne vois que mes défauts : mon grand nez, ma voix nasillarde, je suis trop hilare, me balance en avant pour rire. Je ne me trouve pas crédible. Le fait est que j'ai peu confiance en moi physiquement. J'ai un rapport compliqué à mon corps. Je n'assume pas mon poids, par exemple. Vous savez, les vendeurs dans les magasins de ski qui vous demandent votre poids pour régler les fixations ? Eh bien, je leur mens systématiquement ! Je suis prête à mourir plutôt que d'avouer mon vrai poids."
Pour comprendre ses complexes, il faut remonter jusqu'à la jeunesse d'Anne-Élisabeth Lemoine, lorsqu'elle était en pension. "Quand je suis arrivée à la Légion d'honneur, j'ai compensé et j'ai grossi, à cause du stress, de la séparation avec ma famille, je pense. Alors, en troisième, je me suis infligé un régime drastique, jusqu'au jour où je me suis évanouie dans les toilettes de la pension. Je n'étais pas devenue anorexique, mais j'étais allée loin : je contrôlais tout. J'avais beaucoup minci : je me souviens d'avoir fait une démonstration en gymnastique. Ma professeur, que j'adorais, m'avais montrée en exemple aux autres élèves en leur disant : 'Regardez son corps !' Peut-être parlait-elle des mouvements que j'exécutais, mais je l'ai pris comme un 'hommage à ma plastique'. Je me demande si ce n'est pas ce regard valorisant sur moi que je cherche à retrouver."
Ce manque de confiance en elle l'a conduite plus tard, dans sa vie adulte, à ne pas accepter la défaite et à vouloir donner toujours plus, au point de s'oublier elle-même. "J'ai craqué il y a plusieurs années. J'étais au bout du rouleau. Je travaillais à la fois sur France 3, Paris Première et RTL en quotidienne. J'étais obsédée par le boulot. J'avais perdu 10 kilos en un mois. Un matin, je n'ai pas réussi à me lever. Je me suis dit 'Je n'y arriverai plus.' J'ai cherché un psychiatre : Jean-Pierre Lablanchy. Je me souviens parfaitement de ce qu'il m'a dit : 'Il faut affronter la bête, arrêter d'avoir peur. Vous allez dire : Je ne peux plus faire ça. Vous devez accepter l'idée de décevoir, de ne pas être toujours le bon petit soldat qui obéit. Vous devez apprendre à dire non.' Je suis allée voir Marc-Olivier Fogiel, pour qui je travaillais à l'époque. Je lui ai dit que j'arrêtais RTL, et tout a été réglé très rapidement. J'ai été en thérapie pendant plusieurs mois. C'était formidable. (...) Accepter de renoncer m'a allégée."