Dire qu'Anne Hidalgo est à la peine dans les sondages semble être un euphémisme tant les chiffres ne sont pas à la faveur de la candidate PS pour les présidentielles depuis les débuts de la campagne - aujourd'hui ils stagnent à 4 ou 5%. Consciente de ses difficultés, la maire de Paris s'est rendue sur le plateau de TF1 pour le journal télévisé de Gilles Bouleau ce 8 décembre 2021 pour annoncer sa décision radicale : l'organisation d'une primaire de la gauche pour rassembler les divers candidats autour d'un projet commun. Une ambition qui n'a pas reçu l'écho qu'elle espérait...
Devant les caméras de la première chaîne, Anne Hidalgo a reconnu les fractures de la gauche - aucune formation ne dépasse les 10% d'intention de vote (selon Ipsos-Sopra Steria) pour le premier tour - et le désamour des citoyens français. C'est pourquoi elle propose un grand rassemblement pour faire continuer à exister les forces de gauche pour les élections présidentielles : "Organisons une primaire de la gauche, que viennent participer à cette primaire les candidats qui veulent gouverner ensemble." Pour sa part, elle se décrit comme la candidate femme de gauche, sociale-démocrate, écologiste et expérimentée. Toutefois, elle a précisé que si la primaire n'a pas lieu, elle maintiendra sa candidature et ira jusqu'au bout de l'élection, a-t-elle annoncé.
D'après Le Parisien, les cadres du parti socialiste avaient préparé une note interne pour accélérer la campagne. Le Monde précise la genèse de ce qui est considéré presque comme un coup de tête : "Hormis sa stricte garde rapprochée, personne n'est au courant de la teneur de l'intervention de la candidate à l'élection présidentielle, trois minutes négociées un peu plus tôt dans la journée avec la chaîne."
Le journaliste Guillaume Daret de France 2 a décrypté la proposition d'Anne Hidalgo, pour lui elle n'a pas un grand avenir : "Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise ont déjà dit non." Il ajoute que les écologistes menés par Yannick Jadot et le communiste Fabien Roussel ont également refusé. Arnaud Montebourg, chantre du made in France, a quant à lui expliqué ne pas y aller s'il est le seul. L'ancien président François Hollande n'est pas très convaincu par cette idée de rassemblement au micro de BFMTV : "Cela n'a de sens que s'il y a un programme commun (...), or on sait que ce n'est pas le cas."
Parmi toutes ces prises de distances, se tient le mari d'Anne Hidalgo, Jean-Marc Germain. Fervent allié de la candidate, il a confié au Monde : "Cette primaire est le seul moyen pour la gauche de médiatiser ses thèmes de campagne, sur le social, l'écologie... Et on s'apercevra que la France n'est pas aussi à droite qu'on le pense." Le soutien indéfectible du père de son fils Arthur suffira-t-il pour qu'elle mène la campagne jusqu'au bout ? Etre passé en-dessous du seuil des 5% est un coup très dur, le peu d'enthousiasme suscité par sa primaire populaire une humiliation politique aussi. Au Parisien, on estime que cette primaire populaire serait une façon de sortir dignement, à l'image de Xavier Bertrand, perdant de la primaire LR...