Le prince héritier saoudien, Sultan ben Abdel AzizSultan ben Abdel Aziz, 83 ans, est décédé aux Etats-Unis où il suivait des traitements médicaux, alors que son demi-frère Abdallah, 87 ans, souverain du puissant royaume pétrolier, est actuellement hospitalisé.
Le prince Sultan "est décédé des suites d'une maladie samedi à l'aube à l'étranger", a annoncé le communiqué du palais royal, indiquant que les obsèques se dérouleraient mardi à Ryad. Quelques heures avant, c'est la chaîne américaine CNN qui avait annoncé ce décès en citant des sources anonymes au sein du Département d'Etat.
Avec le décès du prince héritier, le prince Nayef, 78 ans, ministre de l'Intérieur et demi-frère du roi, est désormais en deuxième position dans l'ordre de succession.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a présenté ses "condoléances" au roi Abdallah et au peuple saoudien après le décès du prince Sultan, dont elle a relevé qu'il serait "regretté", tout en assurant de la pérennité des liens entre Washington et Ryad.
Le prince héritier, également ministre de la Défense, se trouvait depuis le mois de juin aux Etats-Unis pour des soins médicaux. Il a subi en juillet une intervention chirurgicale et aucune nouvelle n'avait filtré depuis sur son état de santé. Mais selon des diplomates occidentaux, il souffrait d'un cancer du côlon. Il avait été admis à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Presbyterian à New York peu après son arrivée aux Etats-Unis, et se trouvait en état de mort clinique depuis plus d'un mois, d'après ces diplomates.
Né en 1928 selon sa biographie officielle, demi-frère du roi Abdallah, le prince Sultan, dont la santé était chancelante, s'était à plusieurs reprises longuement absenté du pays ces dernières années. Il était à la tête du ministère de la Défense et de l'Aviation depuis 1963 et avait modernisé les forces saoudiennes, concluant d'importants contrats d'armements avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Depuis novembre 2008, il avait passé plusieurs mois au Maroc et aux Etats-Unis, entre traitements et convalescence.
Quant au poste de ministre de la Défense que Sultan occupait depuis 49 ans, son fils Khaled pourrait lui succéder, à condition toutefois qu'un subtil équilibre soit trouvé avec les fils d'Abdallah et de Nayef. L'histoire gardera de Sultan, père de 32 enfants, son rôle de grand modernisateur des forces armées saoudiennes, doublant leurs effectifs à 100 000 hommes et pilotant de juteux contrats d'armements, jusqu'à ce qu'Abdallah mette un peu d'ordre dans ces transactions opaques, qui ont représenté des sommes colossales, ces trente ans dernières années. Comme ses frères, le Prince Sultan était immensément riche.
Si c'est Nayef qui lui succède, le prochain prince héritier saoudien sera plus conservateur. Depuis la maladie de Sultan, Nayef a accru ses pouvoirs, reprenant notamment le dossier yéménite que gérait Sultan, un dossier à hauts risques !
Son décès intervient alors que le roi Abdallah se trouve toujours à l'hôpital après avoir subi cette semaine une nouvelle opération au dos dans un hôpital de Ryad. L'opération a été couronnée de succès, selon les médias officiels. La télévision saoudienne a montré le roi Abdallah mercredi soir sur son lit d'hôpital, recevant des dignitaires royaux et discutant avec eux. Le roi avait été opéré en novembre 2010 à New York d'une hernie discale, compliquée d'un hématome. Il a subi une deuxième opération début décembre, avant de passer une période de convalescence au Maroc à partir du 22 janvier 2011.
Le 23 février, il avait regagné son pays après trois mois d'absence pour reprendre la gestion des affaires du royaume. L'âge du roi Abdallah et son hospitalisation à l'étranger avaient alimenté les rumeurs sur l'avenir de la direction du royaume, un acteur-clé dans la politique au Moyen-Orient et premier exportateur mondial de pétrole.
Le successeur du prince héritier doit être choisi par un Conseil restreint au sein de la dynastie des Al-Saoud, pour la première fois dans l'histoire du royaume. Ce Conseil a été créé à la suite d'une réforme des modalités de succession introduite en 2006 pour assurer une transition pacifique du pouvoir dans cette monarchie ultraconservatrice du Golfe.
De toute évidence, c'est le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, qui devrait devenir prince héritier, après sa nomination en mars 2009 par le roi au poste de deuxième vice-Premier ministre, la santé de Sultan étant déjà trés chancelante. L'Arabie saoudite est dirigée par la dynastie des Al-Saoud depuis la création du royaume, en 1932. Depuis la mort, en 1953, du fondateur du royaume, le roi Abdel Aziz, cinq de ses fils se sont succédé à la tête de cette puissance pétrolière. La puissance de l'Arabie Saoudite permet à toute cette partie du Moyen-Orient de combattre ( avec des concessions que l'on ne connaît pas...) la montée islamiste.