"Dix-neuf mois après qu'un conte de fées moderne a fait de Kate et William les jeunes mariés les plus célèbres du monde, le couple royal attend officiellement celui qui pourrait bien devenir le bébé le plus célèbre du monde." Ainsi le très sérieux journal américain Washington Post annonçait-il l'arrivée imminente de celui qu'on allait longtemps surnommer Baby George.
Le "Baby" a grandi. George de Galles fête aujourd'hui son onzième anniversaire. Et s'il reste bien sûr un enfant, il n'est à l'évidence pas vu comme tel. Plutôt, comme celui qu'il va devenir plus tard : le futur roi d'Angleterre. Un rôle auquel on le prépare depuis tout petit mais qui ne lui aurait été révélé qu'il y a 4 ans.
"On le fera en temps et en heure. Pour l'instant, il s'agit simplement de maintenir un environnement sûr et stable autour de lui et de lui témoigner le plus d'amour possible", avait expliqué en 2016 le prince William à la BBC à propos de ce moment charnière de la vie de son fils où il serait informé de son destin extraordinaire. C'est arrivé en 2020.
"C'était un moment très contrôlé", évoque le biographe Robert Lacey auprès du magazine People, il n'était pas question de provoquer chez cet enfant le même chamboulement que celui que William avait connu." Le fils de Charles et Diana avait en effet appris qu'il porterait la couronne "de façon très désordonnée", rappelle le biographe.
Amaia Arrieta, la styliste en charge d'habiller les trois enfants nuance toutefois ce propos. Selon elle : "George le sait depuis le début. Il a toujours eu un rôle plus important - il y a eu de nombreux événements avec son arrière-grand-mère ou son arrière-grand-père où il était seul. Je pense qu'ils ont dû avoir cette conversation très tôt".
Avec ou sans conversation, ses parents lui ont, quoi qu'il en soit, donné dès son plus jeune âge les armes nécessaires à l'exercice de sa fonction.
Et l'une des premières choses que l'on a apprise au petit prince, c'est à se comporter comme tel, même s'il casse parfois les codes royaux... Pour ce faire, rien de mieux que de suivre les traces d'un prince, en l'occurrence, son père. C'est ainsi que depuis tout petit, les observateurs royaux ont noté que George tenait régulièrement la main, non de sa mère, comme la plupart des enfants, mais celle de William. "Il n'est pas rare de voir un père avec son fils pour poser les bases de son rôle et de ses responsabilités dans la vie de famille, a expliqué Jasmine Peters, une spécialiste des questions de parentalité au Daily Mail. De fait, on pense souvent qu'il faut un homme pour élever un garçon et en faire un homme. Cela pourrait refléter le fait que Kate et William sont traditionnels." Ainsi, pour William, tenir la main de son fils, c'est le faire marcher dans ses pas, c'est lui montrer le chemin, poser les bases de ce que seront son rôle et ses responsabilités.
Des responsabilités que ses parents ne veulent pas écrasantes, tout du moins à un si jeune âge. À la différence des générations passées où le devoir et le protocole prenaient le pas sur le bien-être de l'enfant, Kate -qui a fait récemment sa deuxième apparition publique depuis l'annonce de son cancer- et William sont particulièrement sensibles à ses questions. "Avec George, explique Robert Hardman, auteur du livre The Making of a King : King Charles III and the Modern Monarchy (La fabrique d'un roi, le Roi Charles III et la monarchie moderne) au magazine People, on a le sentiment que la priorité est que lui et ses frères et soeurs ne soient pas découragés, que ce ne soit pas effrayant, que ce soit quelque chose qu'ils comprennent et que cela fasse partie de leur vie" (...) "il faut faire en sorte que ce soit aussi discret, aussi normal - si l'on peut appeler cela normal - et aussi agréable que possible."
Ce spécialiste de la royauté explique aussi que contrairement à Charles, qui a été élevé sans jamais être consulté, William a pu choisir sa voie, qu'il s'agisse de ses études universitaires, de ses engagements militaires ou de ses premières fonctions royales. Logiquement, George devrait bénéficier de la même autonomie. En revanche, estime cet auteur, il n'aura certainement pas la même relation à son grand-père Charles que celle que William avait avec sa grand-mère Elizabeth lorsqu'il allait prendre le thé chez elle en fin d'après-midi en sortant d'Eton par exemple. Mais à la différence de William, souhaitons à George de ne pas connaître le drame vécu par son père et son oncle Harry, et de grandir avec ses deux parents à ses côtés.
Si l'éducation d'un enfant, fut-il un futur roi, passe par sa famille, elle passe aussi par l'école. Et de ce point de vue, la première dans laquelle George est entré a été choisie sur mesure. La Thomas's Battersea School met ainsi, non sans exigence, l'accent sur l'apprentissage par l'expérience et le développement personnel, encourageant les élèves à penser de manière critique et à s'exprimer librement. Elle propose un programme d'études complet qui comprend des matières traditionnelles comme l'anglais, les mathématiques et les sciences, mais aussi des matières plus modernes comme l'informatique, le théâtre et le mandarin.
Enfin, et surtout, les enseignants de la Thomas's Battersea School sont connus pour leur approche bienveillante et leur soutien aux élèves -même si certains ont eu des gros problèmes-, créant un environnement d'apprentissage positif et inclusif. Depuis qu'ils ont quitté Londres pour Windsor, en 2022, George, comme Charlotte et Louis, est scolarisé à la Lambrook School, magnifique établissement dissimulé dans un écrin de verdure et qui propose une philosophie similaire.
Il n'en sera probablement pas de même dans les futurs établissements qu'il sera amené à fréquenter à partir de la rentrée 2026 comme Eton Collège par exemple, connu pour la rigueur de sa discipline et son approche plus traditionaliste. Les tests que le prince a en partie déjà passés sont d'ailleurs à l'image de ces écoles, très élitistes. L'un d'eux est "presque un test de stress, note un connaisseur auprès du magazine Hello. Eton l'a conçu de manière à ce que vous ne puissiez pas obtenir 100 % et il est adaptatif, donc mieux vous répondez, plus il devient difficile."
Savoir gérer son stress fait à l'évidence partie des qualités que doit posséder un roi. De ce point de vue, les parents de George lui font pratiquer plusieurs disciplines sportives. Tout bébé, il allait déjà à la piscine, puis, il a pratiqué des arts martiaux, et en bon représentant de l'aristocratie anglaise, il va de soit qu'il a déjà un bon jeu de raquette, lui qui a échangé quelques balles avec l'ami de sa maman, Roger Federer. Et il ne fait pas de doute qu'à l'université, il se retrouvera assez rapidement avec un ballon ovale dans les mains. Autant de disciplines qui devraient lui permettre de canaliser son énergie.
Il en va de même de ses émotions. Si visiblement, son grand-père éprouve quelques difficultés à contenir les siennes, lui, comme ses frère et soeurs doit respecter cette règle : ne jamais crier. Gare à l'enfant qui s'avise de hausser le ton dans la famille, il se retrouve aussitôt isolé avec l'un de ses parents afin d'avoir avec lui une discussion sur ce qui l'a amené à agir ainsi, jusqu'à ce qu'il retrouve l'apaisement.
Mais pour apprendre à devenir roi, rien ne vaut l'expérience, et de ce point de vue, l'enfant a déjà serré plus de mains célèbres que la plupart d'entre-nous ne le ferons de toute notre vie : Justin Trudeau en 2016, tentait de checker avec lui, il a suivi ses parents en voyage officiel en Australie, il était en Allemagne pour assister à la finale entre l'Angleterre et l'Espagne, debout dans les tribunes, non loin du roi Felipe.
Et dans son pays, il y a bien sûr les événements officiels auxquels il est tenu d'assister, qu'il s'agisse de Trooping the Colour, où il se montre toujours bien plus sérieux que son petit frère Louis, ou bien sur du couronnement de son grand-père, le 6 mai 2023, lors duquel on lui avait confié le rôle de page d'honneur dans lequel il avait réalisé un sans faute... Mais avant de lui confier cette lourde tâche, ses parents avaient pris soin de lui demander s'il se sentait à l'aise avec la mission. Une éducation moderne, ou l'art de transmettre l'étiquette, tout en douceur.