![Jean-Pierre Mocky le 2 février 2012 lors du dîner des Producteurs](https://static1.purepeople.com/articles/3/11/45/73/@/1038873-jean-pierre-mocky-attending-le-diner-580x0-1.jpg)
![Purepeople](https://static1.purepeople.com/build/pp_fr/logo_brand_ads.0d8e500d.png)
Jean-Pierre Mocky n'est pas content. Les coups de gueule de ce cinéaste français sont fréquents, lui qui n'aime pas vraiment manier la langue de bois. Cependant, le réalisateur du Miraculé a rédigé une lettre polie mais nourrie de colère, pour exprimer son point de vue sur l'argent et le cinéma. Ses mots qui s'adressent au président de la République ont été publiés sur Le Monde.fr, avec le titre suivant : "Cinéma, l'aide publique doit aller aux vrais indépendants."
L'argent et le cinéma, c'est la récente polémique qui a débuté après la tribune du distributeur Vincent Maraval, pointant du doigt un système de financement pervers selon lui. Acteurs, réalisateurs et producteurs ont réagi à cette analyse du financement complexe du cinéma en France, avec la volonté de ne pas stigmatiser la profession.
L'opinion de Jean-Pierre Mocky se démarque dans l'océan de réactions. Depuis soixante ans, le cinéaste tourne sans relâche, même quand les producteurs ne veulent pas de lui, encore moins les distributeurs, ou quand les médias ne relaient qu'épisodiquement son travail. Il possède sa propre salle de films qui diffuse ses oeuvres que la profession ne veut pas (Le Desperado, ex-Action Ecoles), réalise des films peu coûteux et les acteurs travaillent quasi gratuitement, rappelait Le Parisien dans un article du mois de juillet 2012. Des méthodes qui lui permettent de faire plusieurs films par an, le dernier en date étant Le Renard jaune, avec Michael Lonsdale, Béatrice Dalle et Dominique Lavanant, entre autres.
Cinéaste indépendant, voilà une appellation qu'il n'a pas volée. Sa lettre au président veut sensibiliser sur "ceux qui n'ont pas d'argent pour créer". Il poursuit d'un ton assez fataliste : "Beaucoup, dont je suis, ont attendu qu'on leur tende la main. Malgré ça, des artistes ont fleuri. Ils resteront dans la mémoire et auront leur revanche à titre posthume."
Jusqu'à ce qu'il condamne les bien lotis d'un système et lance son appel : "Si vous décidez de laisser les choses en l'état, s'il vous plaît, de notre part, sanctionnez les décideurs formateurs, les corrompus en col blanc et les fraudeurs qui nagent dans le fric pour se payer des piscines, des courtisanes, ou des voyages en Orient." Pour Mocky, l'aide publique doit venir en aide à ceux qui en ont vraiment besoin : "Souvent, les indépendants se prétendent tels alors qu'ils sont liés à des groupes financiers et cherchent à passer pour des nécessiteux. Nous, nous sommes seuls, sans attache, sans sponsor, sans financier, alors nous lançons ce SOS."
Jean-Pierre Mocky ne cite pas de nom. Il n'a d'ailleurs rien contre Gérard Depardieu, comme il l'a fait savoir dans un article du Courrier de l'Ouest : "Avant, les acteurs étaient très bien payés. Bourvil, Fernandel... Ce n'était pas des hommes d'affaires comme Depardieu, Jean Reno ou Pierre Richard. Depardieu, il joue son rôle de chef d'entreprise. Il a cinq restos, une compagnie de bus. Reno fait de l'huile et Pierre Richard du pinard. Quelle importance que Depardieu aille en Russie ? Pourquoi on l'emmerde lui ? C'est une connerie ! C'est faux ! C'est du cinéma tout ça !'' Quant à l'argent et à son vice, le luxe, il s'en moque : "Gagner de l'argent ? Qu'est-ce-que j'en ferai ? Les femmes, par ma position, j'ai tout ce que je veux. Offrir des cadeaux ? Ça, il ne faut surtout jamais en faire aux femmes !"